Waiting for Doggo, 2015. Traduit par Florence Hertz. Belfond, 2016.
Ma chronique :
Le grand plaisir des rentrées littéraires, c’est aussi de faire des prévisions et de ne jamais les suivre. Entre les billets des ami(e)s blogueurs(ses) sous le charme desquels je sombre parfois éhontément ; les livres qui me font eux-mêmes directement de l’oeil en librairie ; les services presse qui (pour mon plus grand plaisir) trouvent le chemin jusque chez moi… tss tss. La chair est faible, dit-on ; la lectrice également.
Me voilà donc mercredi dernier chez mon libraire, en arrêt devant En attendant Doggo, surprise, un sourire joyeux au coin des yeux. Parce que ça fait du bien de temps en temps de savourer l’évidence qu’il y a un monde entre lire un post sur les réseaux sociaux et avoir le livre en vrai devant soi. J’avais bien lu Belfond qui (sans saouler le monde d’ailleurs, merci à leur élégance), yodlait et youpiait à la révélation British drôle, tendre et sensationnelle de cette rentrée. J’aimais bien le titre, amusant clin d’oeil à Beckett, mais bon, sans plus. Jusqu’à ce moment où je me suis trouvée nez à couverture avec lui. Abracadabra, quoi. Je l’ai commencé le soir-même, et terminé quasi dans la foulée.
En trois pages, le décor est posé : Daniel, trentenaire londonien et concepteur-rédacteur dans la publicité, vient de perdre son boulot et de se faire larguer par sa fiancée ; elle lui laisse – en plus de la détresse – Doggo, un tout moche petit corniaud mal aimable, qu’elle venait juste d’adopter dans un refuge. Contre toute attente, ce duo fonctionne, et on les accompagne entre boires et déboires tout au long de l’histoire.
Cette comédie plutôt sentimentale se lit bien, c’est frais et drôle, rythmé sans jamais s’essouffler. Entre travail, famille, Londres et campagne anglaise, promenades au parc et amours, voilà un très agréable moment de lecture. Ca raconte certes la vie de londoniens éduqués et plutôt à l’aise avec leur compte en banque, mais l’humour omniprésent et de qualité permet d’éviter tout du long l’écueil d’une intrigue caricaturale. Un bel hommage aux vilains petits canards qui se révèlent être les plus précieux des anges gardiens.
Franchement ? Il y a un certain je-ne-sais-quoi dans ce roman qui le hausse au-dessus des romances habituelles. Le fait que le personnage central soit un homme ? Que son alter-ego soit un cabot trop moche ? Ou bien le style de Mark Mills, qui croit sans faille à l’intelligence de son lecteur.
Si vous aimez Londres, les chiens et l’humour anglais, si vous avez besoin d’un chouette bol d’air revigorant, ce livre est pour vous.
Extraits :
Non, Doggo échappe à toutes les classifications. On dirait une bête qui aurait foncé la tête la première dans un mur de brique et qui aurait ensuite décliné toute proposition de chirurgie réparatrice. Ses paupières tombantes d’insomniaque font penser à un chien de Saint-Hubert, mais le regard est vif et éveillé, quoique fixe pour l’instant… et dirigé droit sur moi avec une attention froide et calculatrice.
— Je vais devoir réfléchir.
— Non, il doit impérativemet être stérilisé.
— Pourquoi ?
— C’est le règlement.
Beth ne me connaît pas, sinon elle se serait méfiée.
— C’était le règlement sous le régime nazi, d’exterminer les Juifs, les Gitans et les homosexuels. Vous trouvez que c’était une excuse ?
Quand j’étais petit, pour ne pas être considéré comme un gros dégonflé, il fallait se jeter dans la Cuckmere. C’était notre grand jeu d’aller braver les remous causés par la rencontre de l’eau douce et de l’eau de mer. Aujourd’hui, c’est interdit par la loi. Le monde a-t-il vraiment pu changer aussi radicalement pendant ma brève existence ?
Geraldine n’a pas l’air d’un être humain. On dirait plutôt un bout de bois flotté rapporté par la mer sur la plage, blanchi par le soleil, usé jusqu’à la moelle, qui ne garde que ses veines et ses noeuds les plus durs. Cette impression est renforcée par le bruit du ventilateur, un rythme doux et régulier de vagues se brisant sur le sable.
Nous avons échangé beaucoup plus de textos. C’est peut-être moi qui ai ajouté le premier baiser, le fameux X, à la fin d’un de mes messages, mais c’est Polly qui l’a redoublé, et puis qui l’a triplé. J’ai suivi le mouvement. A ce rythme, nous en serons à XXXXXX à la fin de la semaine. Il y a probablement des règles en la matière, connues seulement par une bande d’initiés triés sur le volet. Peut-être que XXXXXX signifie : « Je serais ravie de passer au Y avec toi.
Merci pour cette critique ladydoubleh:)
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Merci Sylvie 🙂
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jolie chronique 🙂 bonne fin d’après midi à toi 🙂
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Merci ! Bonne soirée à toi 🙂
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Il a l’air bien sympa, je le note 🙂
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Tu ne seras pas déçue 🙂
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