Long Island, 2024. Traduit de l’anglais (Irlande) par Anna Gibson. Éditions Grasset, 2024 ; 400 p.
★★★★☆☆☆☆☆☆
Mon avis (Rentrée littéraire automne 2024, 2) :
Quand j’ai su que Colm Toibin avait écrit une suite à Brooklyn, j’ai été submergée par l’enchantement. Mon attente pour sa publication française fut joyeusement impatiente. J’ai eu un tel coup de cœur pour Brooklyn ! Lu avant le blog, en 2013, et de ce fait hélas pas chroniqué, j’avais adoré tout le roman, son ton si juste, ses personnages ; la fin m’avait littéralement bouleversée. Une fois Long Island acheté, j’ai même procrastiné le moment de m’y plonger, n’ayant pas envie d’en avoir terminé trop vite avec lui. Ai-je rappelé que Colm Toibin est un de mes écrivains irlandais chouchous et préférés ? J’ai quasiment lu tous ses livres, Long Island étant mon douzième. (six sont déjà chroniqués sur le blog, liens en fin de billet).
Et puis là : le grand flop. Ce billet est la chronique d’un abandon.
Long Island commence vingt ans après Brooklyn. J’ai beau avoir lu les quatre-vingts premières pages d’une traite, j’ai été rapidement dubitative : Eilis, l’héroïne, est ici d’une inconsistance et d’une mollesse tout d’abord surprenantes, puis largement agaçantes. J’ai hésité entre vouloir la secouer et lui donner des claques. Pour tout dire, je n’ai rien reconnu, ni les personnages, ni la plume de Colm Toibin, étonnamment faible et sans envergure. Bon allez pas grave, me suis-je dit : le décor dans l’histoire changeant alors radicalement, tout va certainement commencer à flamboyer, ça devait être fait exprès ?!
… Euh, non plus.
Soixante pages plus loin, page 150 donc (quasi à la moitié du roman), l’ensemble me semblant juste poussiéreux et triste, fade et sans intérêt, je l’ai laissé tomber.
Dans Brooklyn, l’histoire était vivante, crédible de bout en bout, les personnages incarnés, finement travaillés dans l’épaisseur de leurs vies banales, de leurs origines, de leurs ambiguïtés. C’était aussi, mine de rien, la chronique romancée de toute la détresse d’un pays, cette Irlande balayée par l’émigration. Quand le départ du fils, de la fille, de la sœur, se faisait pour les États-Unis, la plupart du temps, les familles étaient séparées à jamais. Aujourd’hui, à l’ère d’internet, des visios, de WhattsApp, des avions low-cost, on ne peut plus vraiment se rendre compte de la douleur et de l’irréversible de ces séparations. Ce que Colm Toibin illustre à merveille : même si les gens reviennent, rien n’est plus pareil. Déchirement inconciliable entre deux existences : qui est-on vraiment, maintenant ?
Dans Long Island, tout m’a semblé factice, poussif, et je n’ai ressenti d’intérêt pour personne. Dépitée, je l’ai mis de côté pour plus tard (j’ai souvent du mal à lire depuis deux ans et demi, et pour éviter les pannes, j’ai appris à ne plus me forcer si le livre ne me plaît pas)… et puis il a bien fallu admettre que je n’avais pas du tout envie de le reprendre ; pas envie de voir gâché mon souvenir du précédent (je prends tout un peu trop à coeur). C’est donc finalement un abandon, ça alors !
Par contre, la bonne nouvelle, c’est que j’ai enfin vu et entendu Colm Toibin en vrai, au festival America, fin septembre à Vincennes. Quel bonheur de le découvrir exactement comme j’avais l’impression qu’il était : passionnant, sympa et si drôle ! Il s’est fait applaudir spontanément trois fois par la salle (qui était vraiment remplie). Grande joie aussi d’avoir pu lui faire dédicacer mon roman. Des souvenirs précieux. Une grande joie.



… Alors pour découvrir cet auteur éclectique et passionnant, commencez par un autre de ses livres ! (mes préférés, pour l’heure : la bruyère incendiée, Brooklyn, Le maître et Le magicien – mais tous ses livres ont « quelque chose »).
Colm Toibin sur le blog : Le Maitre, La bruyère incendiée, Le Testament de Marie, Nora Webster, Maison des rumeurs, Le Magicien.


Houla, voilà qui ne donne pas envie de retrouver les personnages de Brooklyn, j’ai pourtant lu d’autres avis positifs, mais dans l’ensemble, la déception domine.
Quant à Colm Toibin, vu en conférence (mais pas de signature pour moi), il semble bien sympa, et plutôt drôle, en effet.
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Effectivement tu n’es pas convaincue ! Je ne l’avais pas non plus été par Brooklyn alors…
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J’ai abandonné la suite, comme toi. Quel dommage….
Bonne soirée, à bientôt 🌃
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Je vais éviter ce roman. Tu as eu raison d’abandonner, pourquoi s’imposer une lecture qui ne procure pas de plaisir. Merci Hélène pour ce retour. 🙂
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