Les ombres de Montelupo & Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri – Valerio Varesi

Un petit billet groupé avec deux romans que j’ai lus l’année dernière, les tomes 3 et 8 des enquêtes du commissaire Soneri, de l’auteur italien Valerio Varesi (depuis, j’ai lu le tome 9, La stratégie du lézard, que j’ai trouvé moins bon – et pas encore chroniqué. Le tome 10, L’autre loi va paraitre le 13 mars prochain, toujours aux Éditions Agullo)

Les ombres de Montelupo (Le ombre di Montelupo, 2005) Traduit de l’italien par Sarah Amrani. Éditions Agullo, 2018 ; 320 p. Édité en poche chez Points, 2019

★★★★★★★★★☆

Mon avis :

Après Le fleuve des brumes (lire ma chronique ici), j’ai poursuivi les enquêtes du commissaire Soneri directement par le tome 3 : Les ombres de Montelupo. Direction les Apennins émiliens cette fois-ci, en début d’automne. Soneri est venu prendre l’air des montagnes dans son village natal, oublier un peu Parme, se reposer et ramasser des champignons.

Mais lorsqu’il arrive au village, il y souffle un vent d’inquiétude, plombé de non-dits, voire de mystères. Palmiro Rodolfi, le fondateur de l’usine de charcuterie qui fait vivre ce coin du monde depuis deux générations, vient de se perdre à Montelupo, le sommet en face du village – un endroit isolé, inaccessible et d’une sinistre beauté… Soneri, en vacances, a beau refuser obstinément de s’intéresser à cette affaire, il ne peut empêcher sa curiosité de grandir – au diapason de la mienne aussi, d’ailleurs (dis, tu vas enquêter, oui, qu’on en apprenne plus, là ?! Pouvait-on entendre dans ma tête au début du roman, héhé). Des coups de feu résonnent régulièrement dans la montagne, des quidams sont aperçus au loin entre deux nappes de brouillard, la nuit tombe tôt…

Braconniers, passeurs, magouilles politico-financières, résurgences de l’enfance et de la famille de Soneri, immersion dans la vie des montagnards au passé de faim et de misère, c’est un lieu et les gens qui s’y sont accroché vaille que vaille, que nous permet ici de deviner Valerio Varesi. Tout un pan d’histoire de l’Italie, aussi. Et la carte postale se craquelle, avec des êtres bien vivants dedans, qui débordent d’ombres et de passions. Il y a beaucoup d’humanité, de beaux paysages, de mélancolie et de profondeur dans Les ombres de Montelupo. J’ai trouvé ce roman touchant.


Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri (È solo l’inizio, commissario Soneri, 2010) Traduit de l’italien par Florence Rigollet. Éditions Agullo, 2023 ; 346 p. Édité en poche chez Points, 2024

★★★★★★★★☆☆

Mon avis :

1, 3, et hop, le tome 8 (un peu une marelle italienne, oui, mais j’avais trop hâte de lire la côte des Cnque Terre !)

J’ai décidément beaucoup de plaisir à chaque fois à retrouver le commissaire Soneri. Dans cet opus, Valerio Varesi nous balade entre ville, mer et montagne : Parme et le bord de la mer Ligure, d’un côté et de l’autre des Apennins.

Un inconnu est retrouvé pendu, sans doute suicidé, et un des leaders de la contestation de 1968 (j’ai découvert qu’il y a eu aussi cette année-là en Italie de forts mouvements étudiants et ouvriers, comme en France) a été retrouvé violemment assassiné par arme blanche dans son jardin. Soneri en prend un coup, c’est un peu un socle de sa jeunesse qui disparaît.

Entre les brumes de Parme, la neige dans les Apennins et la douceur lumineuse du bord de mer, c’est plusieurs univers qui se croisent dans ce roman, c’est le passé et le présent, les rêves de jeunesse et les désillusions de l’âge mûr, la faillite des pères et la révolte des fils. Dans ce tome, on parle beaucoup de politique et on retrouve les confrontations entre fascisme et communisme comme dans Le fleuve des brumes, mais ici au prisme des années soixante. D’autres générations. Valerio Varesi règle pas mal de comptes.

L’enquête est un chouia prévisible – et j’ai été déçue qu’il n’aille pas vraiment dans un des villages des Cinque Terre à proprement parler, mais juste à côté ; mais c’est un détail, car les paysages sont bellement retranscrits et j’ai retrouvé la lumière, les couleurs et les vignes en terrasses parmi lesquelles je me suis promenée (où j’ai sué sang et eau, devrais-je dire, vu les dénivelés !). C’est amusant, je trouve l’auteur plus percutant quand il décrit les montagnes que la mer – à l’instar de Soneri, qui n’est pas à l’aise avec cet élément !

Malgré ces légers bémols, ce roman a été une lecture intéressante et immersive et j’aime vraiment la « lenteur » de Soneri, sa façon de savourer un bon plat, ses réflexions sur le temps qui passe. C’est un personnage attachant, et lui aussi tissé de zones d’ombre.

  2 comments for “Les ombres de Montelupo & Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri – Valerio Varesi

  1. Avatar de Kathel
    23 février 2025 à 9 h 02 min

    Déjà 10 volumes traduits ! J’en ai lu 5 et mes préférés sont Le fleuve des brumes et Les ombres de Montelupo, mais j’ai aussi aimé découvrir la ville de Parme dans deux autres opus.

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    • Avatar de Lettres d'Irlande et d'Ailleurs
      23 février 2025 à 19 h 34 min

      Oui, 10 c’est fou ! J’ai commencé par Le fleuve des brumes et c’est sur ton conseil que j’ai ensuite lu Les ombres de Montelupo, je te remercie 😊

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