La maison de Bretagne – Marie Sizun

Éditions Arléa, 2021 ; réédité en poche chez Folio, 2022, 256 p.

★★★★★★★★☆☆

Mon avis :

Je découvre avec ce roman la plume élégante de Marie Sizun. Avec un tel titre, je ne pouvais qu’en feuilleter la quatrième de couverture. Voir qu’en plus il se passe dans le Finistère ?! Hourrah, obligée de le lire. Je connais moins le Sud (Finistère), mais je suis déjà passée à l’Île-Tudy, et j’y ai même quelques lumineux souvenirs de vacances. Le site est tout à fait pittoresque, avec le centre de cette petite ville construit à la toute pointe d’une presqu’île, à l’embouchure de la rivière de Pont-l’Abbé. En face plein sud on a Loctudy, et au nord-est si on longe l’Île côté mer on arrive à Sainte-Marine (rive droite de l’Odet, Bénodet rive gauche et Quimper une vingtaine de kms au nord).

La maison de Bretagne, c’est l’histoire d’une maison de vacances devenue maison de famille, une maison où un jour hélas il y a trop de souvenirs dont on ne veut plus.
Un énième appel de l’agence immobilière pour réclamer des travaux et Claire, la cinquantaine, se décide à vendre sa résidence secondaire sur l’Île-Tudy. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas eu le courage d’y remettre les pieds ? Elle est offerte en location saisonnière depuis la mort de sa mère, il y a quelques années. Un dimanche, Claire rejoint donc l’Île-Tudy en voiture, depuis le petit appartement parisien où elle vit seule. Elle se souvient, raconte. La maison achetée dans les années cinquante par ses grands-parents tout jeunes, avec leurs économies. Un lieu devenu le cadre renouvelé et éternel de leurs vacances – puis celui de la mère de Claire, de son mari et leurs deux filles (Claire a une sœur plus jeune, Armelle).

Dès le début, on sent que ça coince, quelque part. D’un côté une grand-mère tendrement chérie et un père adoré, de l’autre une mère et une sœur au sujet desquelles Claire refuse certains souvenirs. La maison semble au cœur d’une ambivalence, et la narratrice plongée dans une brume nimbée de tristesse.
Cependant, l’arrivée de Claire à l’Île-Tudy ne s’étant pas du tout passée comme prévu, ses plans pour les jours à venir sont chamboulés. Un grand souffle pourrait même faire affleurer peu à peu des zones d’ombre à la surface, et pourquoi pas, redéfinir les cartes du présent.

L’Île-Tudy revêt une grande importance dans le roman, la ville, sa présence, l’atmosphère côtière bretonne, les gens qui y vivent. Un continuum, un témoin, comme personnifié par cette maison, qui abrite toute l’histoire familiale, les gens, des souvenirs majeurs et marquants. Marie Sizun interroge avec acuité et délicatesse les liens familiaux, le poids des non-dits et des absences. Cette lecture a été une belle découverte, je pense ne pas m’arrêter là avec cette autrice !

« Il s’était mis à pleuvoir et j’entendais les gouttes frapper doucement les vitres, modifiant insensiblement l’éclairage de la pièce. Je retrouvais l’atmosphère des jours de pluie d’autrefois, quand la saison basculait, et que cette lumière grise commençait d’annoncer l’automne. »

  11 comments for “La maison de Bretagne – Marie Sizun

  1. Avatar de Cath L
    14 août 2025 à 10 h 38 min

    Je compte commencer avec l’autrice en lisant L’absent emprunté à la bibliothèque.
    Tu donnes envie de lire celui-ci aussi, mais le thème de la maison de famille, ça ne me parle pas trop.

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  2. Avatar de Nanoucz
    17 août 2025 à 13 h 42 min

    S’il est question de l’Île-Tudy, je vais me le procurer très vite. En ce moment, je m’y baigne tous les jours ! J’ai lu d’autres livres de Marie Sizun, comme Le père de la petite et Plage, que j’ai aimés.

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  3. Avatar de Antigone
    20 août 2025 à 14 h 36 min

    Il faut vraiment que je recommence à lire Marie Suzin.

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