Mrs Dalloway – Virginia Woolf

Mrs Dalloway, 1925. Mon édition est celle de 2020 en poche chez Folio : traduction de Marie-Claire Pasquier et préface de Bernard Brugière ; 368 p.

Mon avis :

J’avais lu Mrs Dalloway il y a une trentaine d’années, au début de ma vingtaine. Cette lecture m’avait marquée, j’avais beaucoup aimé, mais pas tout compris. Si tant est que j’aie mieux compris aujourd’hui, en tous cas ma relecture en juin dernier fut différente. Plus intense, profonde, intime, peut-être, et le coup de coeur, lui, a été monumental. J’ai tout adoré dans Mrs Dalloway, et continuellement admiré le génie de Virginia Woolf, sa plume légère et poétique, le talent merveilleux qu’elle déploie dans cette histoire. Sa manière de décortiquer chaque pensée et chaque nuance, comme si tout était une aventure, m’a stimulée, réconfortée et continuellement inspirée (C’est vous dire dans quel état je devais être avant de partir en congés début juillet, hahaha). J’ai lu des auteurs qui pratiquent avec grand talent le monologue intérieur, je pense à John Banville, Mike McCormack ou Anna Burns… Mais Virginia Woolf, en plus, fait glisser le flux de conscience d’un individu à un autre, avec une souplesse et un naturel, absolument confondants. C’est comme si une brise soufflait dans les rues de Londres, exposant chaque personnalité frôlée à une mise à nu consentie de son âme. Chaque petite bribe, pensée, interrogation, souvenir ou pas de côté construit un ensemble mouvant et fascinant à plusieurs voix qui, au-delà de raconter des destins individuels et de creuser dans des personnalités distinctes, interroge l’humain dans son épaisseur, le couple, la société, la vie, l’amour, la mort, la folie… Quel génie, mais quel génie ! Il semble ne rien se passer dans Mrs Dalloway, mais ce n’est qu’un leurre habile, car de bout en bout c’est une société en pleine mutation qui s’y réfléchit, celle de l’après première guerre mondiale.


« La paix descendait sur elle, le calme, la sérénité, cependant que son aiguille, tirant doucement sur le fil de soie jusqu’à l’arrêt sans brutalité, rassemblait les plis verts et les rattachait, en souplesse, à la ceinture. C’est ainsi que par un jour d’été les vagues se rassemblent, basculent, et retombent ; se rassemblent et retombent ; et le monde entier semble dire : « Et voilà tout », avec une force sans cesse accrue, jusqu’au moment où le coeur lui-même, lové dans le corps allongé au soleil sur la plage, finit par dire lui aussi : « Et voilà tout. » Ne crains plus, dit le coeur. Ne crains plus, dit le coeur, confiant son fardeau à quelque océan, qui soupire, prenant à son compte tous les chagrins du monde, et qui reprend son élan, rassemble, laisse retomber. Et seul le corps écoute l’abeille qui passe ; la vague qui se brise ; le chien qui aboie, au loin, qui aboie, aboie. »

  7 comments for “Mrs Dalloway – Virginia Woolf

  1. 4 août 2023 à 19 h 29 min

    Très bel avis sur une oeuvre que je n’ai pas réussi à appréhender…

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  2. 5 août 2023 à 7 h 55 min

    Toujours à lire… il va falloir, et tu donnes envie !

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  3. 8 octobre 2023 à 15 h 18 min

    J’ai beaucoup aimé ce livre. quelle poésie dans l’écriture de Virginia Woolf !
    merci Hélène ⭐⭐⭐⭐⭐

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