A good Son, 2015. Traduit par Florence Lévy-Paoloni. Editions Philippe Rey, mars 2016.
Présentation de l’éditeur : Irlande du Nord, fin des années 80, en plein conflit entre catholiques et protestants à Ardoyne, quartier difficile de Belfast. Mickey, le narrateur, vit sa dernière journée à l’école primaire avant les vacances d’été. Bon élève, il se réjouit d’avoir été admis dans une Grammar school – collège « d’élite » –, et d’échapper ainsi à ses condisciples actuels. Mais, lors d’un surréaliste rendez- vous chez le directeur, il apprend que son père a dépensé l’argent censé payer sa scolarité. Ce sera donc St. Gabriel, le collège de base fréquenté par son grand frère et tous les gamins du coin.
Le petit chien offert par ses parents ne suffit évidemment pas à faire oublier le goût âpre de ces vacances qui commencent, et Mickey décompte avec angoisse le nombre de semaines le séparant de la rentrée. Rêveur, il passe son temps à inventer des histoires et à imaginer ce que serait sa vie en Amérique. Il adore sa mère et sa petite soeur, mais redoute son père alcoolique et sa brute de grand frère qui, comme tous les garçons du quartier, n’aime rien tant que le tourmenter. Parce que, tous s’accordent à le dire, Mickey est « différent » : enfant doué et sensible pour la plupart des adultes, « petit pédé » qui joue avec les filles pour les autres…
L’IRA, les bombes, les émeutes, les affrontements avec l’armée britanniques : Mickey évolue au milieu de ce climat troublé avec son innocence et ses rêves de gamin. Son chien est tué par une bombe, un soldat meurt devant ses yeux… Les « Troubles » viennent frapper à sa porte et Mickey réalise que pour protéger sa mère et sa soeur il va lui falloir franchir quelques lignes. Avec beaucoup de sensibilité, de tendresse et d’humour, Paul McVeigh réussit à nous faire partager le point de vue du petit Mickey. Et là est la grande force de ce roman : donner à nos yeux d’adultes ce regard d’enfant.
Ma chronique :
Le quatrième de couverture est plutôt exhaustif, je ne vais donc pas m’appesantir. En lisant un bon Garçon, vous deviendrez pour quelques heures un garçon brillant et fantasque d’une dizaine d’années, vous penserez, verrez, parlerez comme Mickey. Peu importe l’âge que vous aviez avant et celui que vous aurez après cette lecture, peu importe que vous soyez un homme, une femme ou un panda – vous saurez dans votre cœur et dans vos tripes ce que c’est de vivre et grandir à Ardoyne, ce quartier majoritairement nationaliste du Nord de Belfast, à la fin des années quatre-vingt. Les garçons du quartier qui se moquent parce que tu parles bien, que tu es bon à l’école, que tu joues avec les filles. Tu sauras ce que ça fait d’être amoureux en secret de l’angélique et radieuse Martine. Ton père alcoolique, ta mère qui tient le navire à bout de bras quand elle ne te taloche pas pour que tu files droit. Les descentes la nuit du RUC (la police royale) dans les maisons, les femmes du quartier alors qui font du vacarme avec les couvercles des poubelles pour prévenir les gars de l’IRA de se cacher. Tu sauras que tu peux tomber au milieu d’une émeute en sortant ton chien, et voir un homme se prendre une balle en sortant de la confiserie. Tu ressentiras les frémissements désordonnés de ta puberté et tu croiseras le chemin de sniffeurs de colle. Cela et bien plus encore, car le quotidien des huit semaines de vacances d’été de ce « bon Garçon » est tout sauf ordinaire.
Mis à part quelques longueurs et répétitions qui essoufflent le propos par moment, Un bon Garçon reste un premier roman foisonnant, épique, sensible et drôle, d’une grande qualité. La plume de Paul McVeigh déploie une belle vitalité. Un jeune auteur à suivre ! (un grand merci à Yvon pour cette découverte)
Extrait :
« Il n’existe que deux façons cool de se comporter dans la rue – courir ou flâner. Courir est cool parce que ça veut dire qu’on a quelque chose d’important à faire ou qu’on a des ennuis. Dans un cas comme dans l’autre, on est considéré comme cool. Flâner est cool parce que ça veut dire que rien n’est assez sérieux pour qu’on se dépêche ou que rien ne semble assez effrayant pour qu’on s’enfuie en courant. Marcher tout bêtement n’est absolument pas cool. La façon la moins cool d’aller quelque part. »
L’auteur :
Né à Belfast, il a commencé sa carrière d’écrivain comme dramaturge avant de déménager à Londres, où il a écrit des comédies pour le théâtre, qui se sont jouées au Festival d’Édimbourg et à Londres. Directeur du London Short Story Festival, il est lui-même l’auteur de nouvelles, publiées dans des revues et des anthologies littéraires, et lues dans différents programmes à la radio. Il signe ici son premier roman.
En cours de lecture. Le style du jeune narrateur accroche un peu au dèbut mais je sens une histoire intéressante derrière tout ça. J’espère ne pas être déçue
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Bonne fin de lecture, j’ai hâte de lire ton billet 🙂
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Je suis en train de le lire et il me fait penser un peu à la plume de Robert McLiam Wilson dans Eureka Street. Affaire à suivre, j’en parle bientôt ! 😉
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Intéressante, ta référence à Robert McLiam Wilson ! A te lire alors, cool 😉
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Auteur qui a choisi un sujet pas évident du tout. L’histoire de l’Irlande est parsemée de tragédies qui rendent ce pays si attachant et si intéressant à comprendre, à saisir. Toujours un plaisir de te lire. Bon dimanche et Bises bretonnes 🙂
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Oui, l’Irlande à tant de facettes fascinantes, qu’on n’en finit jamais l’exploration ! Bonne fin de weekend à toi Frédéric, bises franciliennes 😉
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Je l’ai noté mais l’extrait me convainc moyennement.
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Il correspond assez bien à la lecture que moi j’en ai faite… mais vu les autres avis que j’ai pu lire, je crois qu’il y a différentes lectures de ce livre. Donc pas d’inquiétude à avoir avec cet extrait qui te plaît moyen, ce roman est multiple 🙂
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Lu et chroniqué : j’ai trouvé qu’il y avait parfois comme du dessin animé dans ce roman. J’ai beaucoup aimé. J’espère bien qu’il y aura d’autres livres. 🙂
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Oui c’est vrai, ce livre se porterait bien sur grand écran 🙂 J’espère complètement lire à nouveau du Paul McVeigh !
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