The overstory, 2018. Traduit par Serge Chauvin. Éditions Le cherche-midi, 2018, réédité en poche en 2019 chez 10-18 ; 744 p.
♥
Mon avis :
« Sous terre, les troncs vieux de quatre-vingts ans ont cent mille ans au bas mot. Elle ne serait pas surprise que cette immense créature clonale unique et multiple qui ressemble à une forêt existe depuis près d’un million d’années.
Voilà pourquoi elle s’est arrêtée : pour regarder l’une des plus vieilles et des plus vastes créatures vivantes sur terre. »
Formidable coup de coeur pour ce roman choral d’une richesse étourdissante. Vu tous les post-it qu’il y a désormais à l’intérieur de mon exemplaire (voir photo plus bas, haha), je pourrais vous taper la discute jusqu’à Noël tellement il y a à dire, à débattre, à s’emporter, à pleurer et à rire ensemble à son sujet.
D’entrée, le souffle de L’arbre Monde m’a happée. Huit nouvelles qui sont déjà plus que les neuf personnages qu’elles nous présentent – les futurs pivots de l’histoire –, le livre démarre en lançant des filets dans un vivier frémissant, chacun au coeur d’une famille, d’un destin, d’un arbre. Les époques ensuite vont se mêler et les voix alterner ; puis se croiser.
La plume de Richard Powers est envoûtante, fluide et puissante, subtilement poétique. Les destinées se répondent, les humanités se mêlent, et germe l’étincelle ardente. Il raconte les arbres qui vivent en communauté et s’entraident. Le récit grandit et s’étoffe, nourri par ses personnages – dont les arbres ne sont pas des moindres [à un moment, quand un certain arbre est abattu, franchement le sol s’est comme ouvert sous mes pieds et j’ai pleuré comme une madeleine sur mon bouquin] – et la vie elle-même. Richard Powers nous emporte au coeur de quelque chose de plus vaste et de plus ancien que nous et l’expérience peut même changer une vie. Vous ne regarderez plus jamais un arbre ou une forêt de la même manière, en tous cas. L’Arbre-Monde est inspirant, à la fois follement romanesque et en prise avec notre actualité, sur la durée.
Il y a bien quelques longueurs parfois, et la fin m’a déçue (page 744, quoi, non, ce n’est pas déjà fini ?! Inconsolable), mais c’est peanuts. Je pensais que ce serait une lecture ardue, ce n’est pas le cas. Il y a juste à se laisser porter dans l’émerveillement. Alors si ce n’est déjà fait, foncez, lisez-le. Il n’y a pas que les arbres, il y a les gens, aussi. Et beaucoup d’amour.
« Ce monde n’est pas notre monde avec des arbres dedans. C’est un monde d’arbres, où les humains viennent tout juste d’arriver. »
Voilà qui donne très envie, d’autant plus que j’ai aimé tous les livres de Richard Powers que j’ai lus. On est plus intelligent, plus plein après l’avoir lu…
J’aimeAimé par 2 personnes
Si en plus tu aimes Richard Powers, il ne peut que te ravir, alors. Moi c’était mon premier, j’en ai commencé un autre ce matin, Âme errante.
« On est plus intelligent, plus plein après l’avoir lu… » : oh oui, tes mots me parlent, c’est l’effet que m’a fait cette lecture aussi ♥
J’aimeJ’aime
Que de post it en effet !
J’aime beaucoup les mots que tu utilises pour parler de ce roman qui m’a marquée moi aussi et que tu me donnes envie de relire.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui tu as vu, je frise la discipline olympique je pense…
Merci pour mes mots 🙂 Je pense que je le relirai un jour, moi aussi.
J’ai commencé Âme errante ce matin, la quatrième me fait penser à la nuit des enfants rois, de Bernard Lentéric. Dès que Sidérations sortira en poche, je le lirai aussi ^^
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne l’ai pas lu mais par contre j’ai aussi eu un immense coup de cœur pour Sidérations ❤ j’ai aussi Le temps où nous chantions qui m’attend… je guetterai ton avis au sujet d’Âme errante en tout cas !
J’aimeAimé par 1 personne
Et bien écoute, j’ai mis en pause Sidérations pour cause de rentrée littéraire irlandaise, mais pour le moment – j’en ai lu une centaine de pages – je trouve le style très très alambiqué, c’est un peu bizarre. pas désagréable, mais on s’y perd un peu. A voir pour la suite !
J’aimeAimé par 1 personne
Je n’ai pas souvenir d’une telle impression, plutôt de certaines théories astronomiques un peu complexes mais expliquées à regard d’enfant… le coup de cœur aura peut-être éclipsé certaines choses !
J’aimeJ’aime
Pardon, c’est Opération Ame errante que j’ai mis en pause ! J’étais fatiguée hier soir 🥳😊
J’aimeAimé par 1 personne
Ah ne t’inquiète pas 😉 là je ne peux pas dire, je ne l’ai pas (encore) lu !
J’aimeJ’aime
Très beau roman, en effet ! J’ai aussi beaucoup apprécié, sur le même thème, Lorsque le dernier arbre, de Michael Christie, très différent, mais indispensable aussi, à mon avis.
J’aimeAimé par 2 personnes
Merci pour ta recommandation, Il est dans ma pal depuis la rencontre avec l’auteur à laquelle j’ai assisté fin mars il me semble, à Vincennes. J’ai prévu de le lire très rapidement, j’ai hâte de le découvrir 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
E bien merci ! Moi qui ne cesse de le prendre et de le reposer dans ma bibliothèque, un peu découragée d’avance après avoir lu des avis s’appesantissant sur ses longueurs et sa complexité, tu me redonnes envie (je vais l’embarquer dans ma valise !). J’avais adoré Le temps où nous chantions, de ce même auteur, sur un tout autre sujet.
J’aimeAimé par 2 personnes
Ah, je suis trop contente !!! Tu verras, cela te fera comme pour moi : une fois que les quelques longueurs seront là, tu seras déjà tellement lancée en orbite que cela ne va même pas te gêner 🙂 J’ai trouvé Le temps où nous chantions dans la boîte à livres au coin de chez moi, je le garde précieusement pour une future lecture 😀
J’aimeJ’aime
Une très belle chronique qui m’a convaincue de mettre ce roman dans ma liste d’envies. Il semble vraiment beau et émouvant.
J’aimeJ’aime
Je fais partie des rares qui n’ont pas du tout aimé ce roman, je dois dire, en ayant d’ailleurs interrompu ma lecture bien avant la fin, mais je dois dire que billet est très enthousiasmant. Patrice. (https://etsionbouquinait.com/2020/05/31/richard-powers-larbre-monde/)
J’aimeJ’aime
Ce roman signé Richard Powers est une merveille absolu ! Quel auteur quand même 😊
J’aimeJ’aime