Éditions du sous-sol, février 2022 ; 176 p.
★★★★★★★☆☆☆
Mon avis :
J’ai lu ce roman que l’on pourrait qualifier de dystopique en mars, juste avant que ma fabrique à chroniques s’enraye. Tout nouvellement paru aux Éditions du sous-sol et écrit par le diplomate irlandais Dov Lynch – un auteur que j’avais envie de découvrir depuis un moment – il a écrit deux autres romans ; celui-ci directement en français – le type est brillant.
Léawald, donc. C’est le nom de l’héroïne : Léa Wald. Elle est postière et connait Paris comme sa poche. Par ses yeux, par bribes, on devine que le quotidien déraille : grèves, rupture de stock à l’épicerie, voitures brûlées. Un matin, le dépôt où elle vient prendre son véhicule de service est fermé. Puis un jour, c’est la chute : la guerre déferle sur Paris. Une guerre intestine, fratricide, une guerre de rues. La capitale se retrouve coupée en deux, avec la Seine pour frontière – les rebelles tiennent la rive droite, le gouvernement s’est replié sur la gauche, et une mission internationale compte les points.
« Un jour, la guerre avait été impensable ; le lendemain, elle était devenue une réalité quotidienne. »
Gloups. Avec la guerre en Ukraine qui venait de démarrer, cette lecture a eu un parfum troublant ; comme de faux airs de prophétie, ou presque de déjà-vu : par moments, j’avais l’impression de lire – de relire ? – un roman graphique de Bilal (j’adore Bilal, et vraiment, s’il s’emparait de cette histoire, ça pourrait être formidable). Une lecture troublante, donc. Déroutante, aussi. Par la brièveté du récit – je ne sais pas pourquoi, je croyais m’engager dans un pavé, alors que Léawald fait 176 pages tout mouillé –, et le minimalisme de sa narration. Léawald est un peu écrit caméra au poing – vous voyez ce que je veux dire ?
Léa se voit confier par les autorités internationales une mission d’une importance cruciale. Elle doit livrer incognito un cercueil contenant la dépouille d’un des hauts dignitaires de l’opposition, en plein terrain ennemi. De la porte de Saint-Cloud à République, si mes souvenirs sont exacts. On la suit en marchant sur des œufs, à tout moment tout peut déraper, les gens qu’elle croise sont-ils bien ce qu’ils semblent être ? L’ambiance est syncopée, plutôt haletante – et Léa, détachée, mais réellement attachante. C’est une héroïne avec une carapace, qui a transformé ses regrets, ses larmes et ses questions sans réponses en muscle, en entrainement et en actes de routine. Léawald est aussi un roman sur l’exil, le retour aux origines et la filiation.
En terminant le livre, je ne savais trop qu’en penser. L’impression de rester sur ma faim, quand même, tout en ayant trouvé une forme de beauté dans cette histoire singulière – et l’écriture a du style. Et voilà que les mois passent et certaines scènes me reviennent, laissant dans leur sillage un parfum dont je n’arrive pas tout à fait à saisir la fragrance, une vague tristesse, étrangement mêlée d’espoir.
J’ai donc essayé de rassembler mes quelques idées pour vous écrire ce billet tardif. Léawald, un roman étonnant… à découvrir ?
Merci Hélène pour ce partage. Le sujet de ce livre me trouble et je vais le lire prochainement.
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Merci Eveline pour ton passage, heureuse que mon billet t’ait plu 🙂 Bises, à bientôt
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Ça me fait plaisir de te retrouver par ici, même si je ne lirai sans doute pas ce titre. J’ai pensé à toi avec le dernier Sally Rooney.
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Vraiment heureuse d’être de retour je t’avoue, l’envie d’écrire des chroniques et d’échanger dessus qui est revenue, c’est de la joie.
Oui, je viens tout juste de lire complètement ta chronique, j’aime toujours ton style ! On est plutôt raccord sur notre lecture de ce roman, je dirai ^^ Ca me fait bien plaisir !
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Merci ! Et plaisir partagé 😉
Au-delà de nos échanges que j’apprécie, ton don pour dénicher des pépites irlandaises m’avait manqué !
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Merci ! ❤
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Je suis contente de ton retour ici, mais ce roman ne me tente pas plus que ça…
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Merci Catherine, pour ton passage et pour ton message 🙂 Au moins je ne rajoute pas une ligne à tes envies de lectures ! hahaha
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