Éditions Aux forges de Vulcain, août 2022 ; 208 p.
★★★★★★★★★☆
Mon avis :
Le soldat désaccordé a été une lecture poignante. C’est un roman sur la première guerre mondiale, mais aussi un peu un conte. Même au plus profond de la tristesse, la vie déborde des mots de Gilles Marchand.
Nous sommes dans les années 20 et le narrateur, un ancien combattant qui a perdu une main pendant la guerre, est chargé par une cliente de retrouver son fils Emile. Emile Joplain, un soldat disparu en 1917. Il va alors commencer à le suivre à la trace, avec des années de retard. A la trace le long de ses affectations, du front, des registres et des gens qui l’ont connu. Des paroles de poilus, qui décrivent Emile, poète et amoureux d’Alice, son alsacienne, à qui il écrivait tous les jours.
On revit la Grande Guerre et ses atrocités, on partage aussi le quotidien souvent terrible des survivants, mais Gilles Marchand réussit à éclairer cette histoire grâce à d’infatigables touches de douceur, de poésie et d’amour. Le soldat désaccordé m’a fait penser un peu à un mélange entre Au revoir Là-Haut de Pierre Lemaitre, une quête à la Amélie Poulain de Jean Genêt et Le grand amant de Dan Simmons (une nouvelle lue il y a longtemps, mais dans laquelle une mystérieuse femme apparait aussi sur les champs de bataille le long des tranchées).
J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman, qui m’a souvent laissé au bord des larmes.
« Si on avait su qu’un boche c’était rien qu’un Français qui parle allemand, on aurait eu du mal à continuer à leur tirer dessus »
J’ai maintenant envie de découvrir d’autres titres de l’auteur (vous en avez lu ?) – et aussi de lire A l’ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarque, que je n’ai encore jamais lu : ça tombe bien, en novembre il y a le challenge Les feuilles allemandes, organisé par Eva, Patrice et Fabienne, des blogs Et si on bouquinait et Livr’escapades. Vous y participez ? (l’an dernier j’avais beaucoup aimé La famille du tigre ailé de Paula Fürstenberg et celle d’avant, ce fut La huitième vie de Nino Haratischwili : quelle claque)
Lettres d'Irlande et d'Ailleurs 
Il a l’air touchant ce roman.
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Oui, il l’est, absolument 🙂
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Je ne suis pas sûre d’adhérer à l’aspect « conte »…
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C’est léger, par contre, c’est plus une façon de lier les faits, comme dans Amélie Poulain, c’est l’effet que ça m’a fait, avec quelques zones non identifiées dans l’histoire. C’est léger, ce « décalage », mais je tenais à le signaler, car cela donne je trouve le ton de l’histoire et permet de garder « la lumière allumée » si on peut dire, même en parlant de la boucherie des tranchées. C’est ce ton qui m’a touchée dans cette histoire. Le mot « conte » n’est peut-être pas approprié 🙂 (tu remarques que j’essaie de te convaincre de le lire, haha ^^)
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J’avais lu Un funambule sur le sable du même auteur (que j’avais beaucoup apprécié) et j’ai entendu beaucoup de bien de ce titre-là, ce qui fait qu’il était déjà dans ma wish-list. Ta chronique est également très convaincante et souligne des aspects qui me laissent à penser que c’est une lecture qui me touchera également !
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Merci beaucoup pour ta recommandation ! Ravie d’avoir réveillé ton intérêt pour ce roman. Il est vraiment formidable, par ce mélange de crudité et de douceur. J’aime de plus en plus ces auteurs qui ne sombrent pas dans les bons sentiments à deux deniers mais qui néanmoins toujours offrent à leur lecteur une petite soupape de sécurité face à la violence et à la douleur du monde
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Douceur et poésie ne veulent pas dire niaiserie !
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Ce roman fut un de mes gros coups de coeur de la rentrée littéraire 2022. Je connaissais cet auteur car j’avais lu » Une bouche sans personne » que j’avais beaucoup apprécié également.
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Merci beaucoup pour ton retour, Patricia ! Je ne savais pas par quel titre continuer avec Gilles Marchand, ce sera donc Une bouche sans personne 😃
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