Absolution – Alice McDermott

Absolution, 2023. (Superbe) traduction de l’anglais (États-Unis) par Cécile Arnaud. Éditions La Table Ronde, 29 août 2024 ; 352 p.

★★★★★★★★☆☆

Mon avis (Rentrée automne 2024, 1) :

J’ai une grande affection pour l’œuvre d’Alice McDermott, et ce roman m’a également emportée. Virtuose de l’introspection délicate, l’autrice américaine d’origine irlandaise interroge le théâtre des existences humaines avec nuance et subtilité. Ses descriptions précises sont immersives, sans lourdeur ni suffisance, et sa plume, toujours pleine de grâce.

A la différence de tous les autres romans que j’ai pu lire d’elle, celui-ci ne se passe pas à New-York ni Long Island – en revanche, les Américains catholiques d’origine irlandaise sont bien présents ! Absolution se tient essentiellement à Saïgon, au Vietnam, dans les années 1960. Alice McDermott nous y invite dans les salons des grandes maisons de l’intelligentsia américaine, du côté des épouses, des enfants et de leurs domestiques vietnamiennes – la guerre n’est qu’un fantôme flou et grimaçant en arrière-plan.

Patricia vient d’arriver à Saïgon avec son mari, un ingénieur prêté à la Marine. Lors de sa première réception elle fait la connaissance de Rainey, huit ans, avec qui elle sympathise autour d’une poupée Barbie, et de sa mère Charlène, sorte de serial bienfaitrice dont la confiance en elle crève le plafond. Une étonnante amitié va se nouer entre ces deux femmes si différentes. Absolution, c’est la longue lettre que Patricia, plus d’un demi-siècle plus tard, écrit à Rainey pour lui raconter sa mère, ainsi que la vie à cette époque particulière. Quand on revient sur son existence, qu’est-ce qui finalement lui a donné du sens ?

Instantané en couleurs d’une époque, Absolution est porté par des personnages attachants ou mémorables. J’ai un peu de mal là à vous dire précisément tout ce que j’ai aimé – à part ce que j’ai déjà évoqué plus haut, héhé. Le point de vue original sur l’Histoire et les difficultés de l’émancipation dans une société verrouillée par une vision occidentale, patriarcale et colonialiste du monde, la grande sensibilité avec laquelle certains thèmes sont abordés, je pense à l’infertilité – l’encombrement du remords et de la culpabilité. Seul bémol sans doute, la fin, que je n’ai finalement pas trop compris.

En tous cas je vous le conseille, et il sort justement aujourd’hui !


Alice McDermott sur le blog : SomeoneCharming Billy / La neuvième Heure / La visite à Brooklyn

Laisser un commentaire