La semaine dernière j’ai eu la chance d’assister à une rencontre à la médiathèque à côté de chez moi avec Arnaldur Indridason, autour de son dernier roman Le roi et l’horloger paru aux Éditions Métailié. Et je viens de réaliser que je n’avais pas partagé ici mon avis sur le dernier roman que j’ai lu de lui, cet été.
J’en profite donc pour faire un petit billet groupé avec le tome 1 d’une dystopie anglaise que j’ai bien aimé, lu au printemps dernier.
• Saison d’os (Bone season, tome 1) – Samantha Shannon
Bone season, 2013. Traduit de l’anglais par Benjamin Kuntzer. Éditions j’ai lu, 2014 ; 576 p.
★★★★★★★★☆☆
Mon avis (déjà publié sur Babelio, le 22.06.22) :
Saison d’os est le premier tome d’une saga dystopique d’urban fantasy, écrite par la Britannique Samantha Shannon.
2059. Londres est sous la coupe violente et totalitaire du gouvernement de Scion. Tous les humains doués de Clairvoyance – des pouvoirs psychiques diversement variés et puissants – sont pourchassés sans répit et éradiqués de la société. Paige a un don rare et précieux, c’est une marcherêve dont la conscience peut pénétrer dans l’esprit des autres. Elle réussit à survivre dans la clandestinité en travaillant pour la pègre, mais un jour Scion la rattrape et Paige est internée avec d’autres Clairvoyants dans la cité interdite d’Oxford. Elle va devoir apprendre à rester en vie dans cette sorte de colonie pénitentiaire dirigée par les cruels Réphaïms, des individus aux origines et aux pouvoirs mystérieux – et qui semblent lorgner sur son don avec convoitise. Mais dans quel but ? Qu’en est-il vraiment de cette société ? Qui tire les ficelles ?
Le gros point fort de cette histoire est l’univers créé par Samantha Shannon, très riche, travaillé et original. Par moment trop peut-être, on s’y perd un peu, mais j’aime bien ça, me perdre dans des histoires, lorsque je m’amuse et qu’elles m’intéressent. Je ne suis pas passée loin du coup de coeur, mais les nombreux atermoiements du tiers central du roman cassent le rythme et m’ont un peu déçue.
Ce fut en tous cas une lecture agréable – et qui a guéri ma panne de lecture d’avril.
• Les roses de la nuit (une enquête d’Erlendur, 2) – Arnaldur Indridason
Dauðarósir, 1998. Traduit de l’islandais par Eric Boury. Éditions Métailié, 2019 – réédition en poche aux Éditions Points, 2020 ; 284 p.
★★★★★★☆☆☆☆
Mon avis (déjà publié sur Babelio, le 13.08.22) :
J’aurais finalement aussi bien fait de continuer tranquillement mon bonhomme de chemin dans les enquêtes d’Erlendur, après La cité des jarres et La femme en vert. J’ai voulu lire ces deux premiers tomes de la série nouvellement traduits, mais en vrai, on peut largement s’en dispenser.
Les roses de la nuit, donc. Le vrai tome 2, le quatrième que moi je lis. Dans Les fils de la poussière c’était la nuit éternelle de l’hiver islandais, cette fois-ci c’est l’été et Erlendur dort très mal à cause du soleil de minuit. Le corps assassiné d’une jeune femme est retrouvé sur la tombe du leader de l’indépendance islandaise, à Reykjavik. Erlendur et son adjoint Sigurdur Oli sont chargés de l’enquête. Fjords de l’ouest, scandale des quotas de pêche, désertification des campagnes et poussée tentaculaire de Reykjavik, jeunesse désabusée, drogue, prostitution ; l’auteur porte toujours autant d’attention et d’empathie à ses petits personnages cabossés par la vie ou broyés par la société. Il raconte l’envers de la carte postale.
« Nous sommes comme le cabillaud. En dessous d’un certain nombre d’individus, les bancs se dispersent puis disparaissent. Je crains que cela ne s’applique également à l’espèce humaine. Quand les gens quittent les villages comme le nôtre, la vie ralentit. D’ici peu, elle sera complètement éteinte. »
Cet opus est pas mal décousu et l’intrigue se met laborieusement en place, mais quelques rebondissements intéressants font bien tourner les pages. Le canevas des personnages principaux s’étoffe, également ; Sigurdur Oli tombe amoureux et Erlendur panse ses plaies familiales. Cette nouvelle lecture a en tous cas confirmé mon attachement à Erlendur, bougon et mélancolique.
« Où donc s’est perdue la couleur de tes jours ?
Et les poèmes que, d’un rêve à l’autre, ton sang murmurait,
Dans quelle tempête se sont-ils égarés,
Ô enfant, qui te croyais porté par la merveilleuse vérité
Qu’abrite l’inépuisable puits que tu portes en toi !
En quel lieu… ? »
[Nostalgie, Jóhann Jónnson]
Arnaldur Indridason sur le blog : Les fils de la poussière / La cité des jarres / La femme en vert