Travelling in a strange land, 2018. Traduit de l’anglais (Irlande du Nord) par Cécile Arnaud. Éditions La Table Ronde, coll. Quai Voltaire, février 2022 ; 208 p.
★★★★★★★★★☆
Mon avis (Rentrée hiver 2022, 2) :
Un très beau texte, qui se doit d’être abordé comme un territoire inconnu, lui aussi. Je ne voudrais donc pas trop en dire.
Nous sommes quelques jours avant Noël. L’Irlande et la Grande-Bretagne sont ensevelies sous la neige, les avions ont tous été annulés. Luke, le fils étudiant de Tom et Lorna – ils ont aussi une fillette de dix ans, Lilly – , se retrouve coincé à Sunderland, sur la côte est de l’Angleterre, seul dans sa chambre d’étudiant et malade. Tom décide de faire l’aller-retour de sa banlieue de Belfast jusqu’à Sunderland, en voiture, pour ramener Luke à la maison pour Noël. Un matin, il embarque donc assez tôt pour pouvoir prendre le ferry à Belfast jusqu’à l’Ecosse, avec tout un stock de sandwichs, de thermos de café et de Cds pour la route. Le voyage d’un homme dans des paysages rendus méconnaissables par les intempéries… mais aussi, surtout, comme un miroir réfléchissant, le voyage d’un homme au coeur de lui-même.
« Je pénètre en territoire gelé, bien que je ne puisse dire à quel pays il appartient. »
Les kilomètres défilent lentement et l’histoire prend au diapason son temps pour se mettre en place. Tom est seul dans sa voiture avec la voix du GPS, et la musique n’empêche pas toujours ses pensées de surgir, des souvenirs et certaines voix du passé. Des vacances avec ses enfants petits, sa rencontre avec Lorna, son métier de photographe. La plume de David Park est habile, légère et implacable, finalement, car par petites touches la tension monte, imperceptible, au départ juste un malaise diffus, une omission, un non-dit, mais qui va s’amplifiant à mesure que les pages elles aussi tournent. Que se passe-t-il donc, avec cette famille ? Ou que s’est-il passé ?
Voyage en territoire inconnu raconte les failles d’un homme tourmenté, que l’on accompagne dans son paysage intérieur. Il y a une grande sobriété dans ce texte, poignant justement par cette pudeur, cette retenue. Comme une chute de neige peut en un clin d’oeil modifier le paysage le plus ordinaire en un environnement inquiétant, la vie parfois sans crier gare métamorphose les êtres. C’est un roman qui parle de ces contrées que l’on découvre toujours inconnues à chaque pas que l’on fait dans la vie : l’amour, et la parentalité.
« La neige dissimule tout, mais je ne suis pas sûr de pouvoir continuer à couvrir ce qui est pour le moment caché »
David Park a déjà publié de nombreux romans et un recueil de nouvelles, mais c’est la première fois qu’il est traduit en français : un grand merci aux Éditions La Table Ronde !
Je savais qu’il te plairait. Il a quelque chose d’envoûtant !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, il a vraiment quelque chose. J’espère que nous aurons la chance de découvrir d’autres romans de cet auteur en français, je suis curieuse de le lire à nouveau !
J’aimeAimé par 1 personne
J’espère aussi !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Hélène 🙏
J’aime beaucoup cette histoire.
Bravo pour ta critique et pour la si belle photo du livre.
Belle journée, bises bretonnes.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup Eveline ! Tu as vu cette couverture de toute beauté, avec la route et la voiture et de chaque côté ce paysage enneigé !
J’aimeAimé par 1 personne
J’adore..
J’aimeAimé par 1 personne
A noter, donc !
J’aimeAimé par 1 personne
Pas le choix 😀
J’aimeJ’aime
Merci pour cette découverte. J’aime beaucoup ce genre de roman. Je note donc.
J’aimeAimé par 2 personnes
Avec plaisir !
J’aimeJ’aime