Maria Stuart, 1935. Traduit de l’allemand (Autriche) par Alzir Hella en 1936. Réédition aux Éditions Bernard Grasset, Le livre de poche historique en 1958 ; 411 p.
★★★★★★★★★☆
Mon avis :
Née en 1542, reine d’Écosse à six jours à la mort de son père, élevée en France par crainte d’un assassinat par Henry VIII, reine de France à dix-sept ans, veuve à dix-huit avant un retour en Écosse où elle est reine catholique dans un pays devenu protestant, mariée trois fois, accusée d’avoir organisé le meurtre de son deuxième mari avec la complicité de celui qui deviendra son troisième, emprisonnée vingt ans puis exécutée par sa cousine la reine d’Angleterre Elizabeth 1ère à seulement quarante-quatre ans, le bourreau étant tellement ému qu’il a dû s’y reprendre à trois fois pour réussir à lui trancher la tête… Je suis, je suis… (mode questions pour un champion activé) : Marie Stuart.
Stefan Zweig s’empare de ce destin, aussi extraordinaire que funeste, et nous livre ici une biographie détaillée d’une grande acuité psychologique, où il a travaillé avec le plus d’objectivité possible. Il s’est surtout concentré sur ses années « écossaises » si l’on peut dire, du moment où, jeune veuve, elle embarque pour l’Écosse, jusqu’à son emprisonnement par Elizabeth. Six ou sept ans où sa personnalité se révèle, infatigable, impulsive, brillante et enflammée.
C’est une lecture qui m’a beaucoup intéressée. Je ne connaissais que les grandes lignes de l’histoire de Marie Stuart, et j’ai beaucoup appris. Cette biographie se lit souvent comme un roman d’aventures, avec péripéties et rebondissements, suspense et trahisons – jusqu’au bout, sa vie fut follement romanesque.
De Stefan Zweig, je n’avais lu jusqu’ici que quelques nouvelles, Amok, La confusion des sentiments, vingt-quatre heures dans la vie d’une femme, que j’avais adorées. Et pourtant au début de Marie Stuart, nous ne sommes pas partis du bon pied, Stefan Zweig et moi. Quand il s’est mis à parler des écossais en général comme des bouseux mal dégrossis et incultes, j’ai eu du mal, j’avoue. Ensuite, il s’explique. La noblesse écossaise ayant toujours comploté et rechigné à laisser le pouvoir à un roi, la couronne avait échu au clan des Stuart plutôt pour damer le pion à celui des Hamilton (moins malléables) qu’autre chose. Les Stuart avaient toujours la bride tenue extrêmement serrée et peu de subsides. Si on ajoute à cela une réforme religieuse récente et très agressive prônant l’austérité, résultat, la cour n’avait aucun faste et peu de lustre intellectuel. Vue des cours européennes en pleine Renaissance, où les nobles rivalisaient d’ardeur et d’éducation artistique, celle d’Écosse semblait complètement arriérée. Également, la vision des femmes de Stefan Zweig est souvent datée. Mais n’oublions pas que ce livre a été publié pour la première fois en 1935 – et sa traduction française date de 1936. Sinon, ce texte est vraiment formidable.
Cette lecture m’a souvent rappelé mon séjour il y a trois ans à Edimbourg. Touchée d’avoir vu la chambre où Marie Stuart a mis son fils au monde – le futur roi d’Écosse Jacques VI devenu Jacques 1er roi d’Angleterre à la mort d’Elizabeth : Marie Stuart, ayant déjà été victime d’un coup d’état dans ses appartements du palais de Holyrood, s’était réfugiée dans le château ancien pour son accouchement. Elle s’y savait plus en sécurité. Par contre, quand j’ai vu la statue de John Knox grandeur nature dans la cathédrale St Giles, je ne savais pas que c’était un si furieux prédicateur !
J’aime énormément la plume de Zweig. Je ne savais pas qu’il avait rédigé un bouquin sur cette reine. Merci pour la découverte.
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Avec plaisir. Je l’ai moi aussi découvert très récemment !
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J’ai dans ma pile à lire, à lire d’abord, le Marie-Antoinette de Stefan Zweig (aurait-il eu une certaine fascination pour les têtes coupées ?)
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Meuh non Kathel….il a aussi écrit les bio’ de Magellan, Balzac, Montaigne…..
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Hahaha, je me suis fait exactement la même réflexion que toi !!! 😀
La copine qui m’a prêté Marie Stuart a beaucoup aimé aussi Marie-Antoinette, ce sera ma prochaine incursion dans ses biographies, je pense !
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Je m’imagine bien que le souvenir d’Edimburgh a fait résonner qqchose en plus. Et je confirme, une nouvelle traduction serait certainement une bonne chose.
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Je viens de chroniquer Lettre d’une inconnue et trois autres romans de lui dans ma PAL mais je pense que je lirai également une de ses biographies pour voir si j’accroche autant qu’à ses romans 🙂
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Oh, Lettre d’une inconnue, je l’ai lue aussi, tiens, j’avais oublié, j’avais tellement aimé ♥ Je viens de lire ta chronique, tu me donnes envie de relire ce texte, avec 30 ans de plus, tiens.
Franchement, je lirai d’autres de ses biographies, maintenant. Marie-Antoinette, sans doute, à l’occasion.
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j’aime énormément Zweig mais je ne me suis pas encore attaquée à ses biographies. Celle-ci m’attend depuis un moment déjà 🙂
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Comme toi, je n’avais pas encore tenté ses biographies et vraiment, je continuerai ! Lorsque tu te décideras à lire Marie Stuart, tu ne seras pas déçue 🙂
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Je n’ai pas encore lu celui-ci (il est dans ma bibliothèque) mais j’ai adoré « Marie-Antoinette ». C’est instructif, très fluide … Il se lit comme un roman.
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La collègue qui m’a prêté Marie Stuart vient justement de me prêter Marie-Antoinette 😊 Ce personnage ne m’attire pas du tout de prime abord, mais je suis très curieuse justement de découvrir ce que nous en livre Stefan Zweig !
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