L’envol du moineau – Amy Belding Brown

Flight of the sparrow, 2014. Traduit par Cindy Colin Kapen. Le Cherche-Midi Éditeur, 21 mars 2019 ; 464 p.

Ma chronique :

La couverture est très belle et Jim Fergus conseille ce roman, j’ai craqué. L’envol du moineau est un roman librement inspiré d’une histoire vraie. Au dix-septième siècle dans la baie du Massachussets en Nouvelle-Angleterre, Mary Rowlandson vit dans la petite vile frontière de Lancaster, une communauté puritaine, avec son mari pasteur et ses trois enfants. Une vie de colon faite d’obéissance et de labeur. Mais un matin tout va changer.

« Le 10 février 1675, les Indiens arrivèrent en grand nombre à Lancaster. La première attaque eut lieu au lever du soleil. »

Au terme de ce raid de représailles dévastateur, Mary et ses enfants sont capturés. Mary va devenir l’esclave d’une puissante femme chef, Weetamoo. L’envol du moineau raconte ses trois mois parmi les indiens. L’effroi tout d’abord, les privations, puis lentement, l’éveil de sa conscience. A son retour à la vie anglaise, après son rachat, rien pour elle ne sera plus jamais comme avant.

« Elle s’est habituée aux coutumes indiennes. Bien que ce soit une vie difficile, dépourvue du confort de la civilisatiojn, elle voit une grande beauté dans l’âme sauvage des Indiens, une liberté dans leur mode de vie qui lui permet de suivre sa propre trajectoire. Elle s’est découvert un esprit d’initiative qui la surprend chaque jour. »

Le point fort de ce roman, je trouve, est de nous immerger dans la vie quotidienne des premiers colons puritains de la Nouvelle-Angleterre. Je ne pensais pas que c’était aussi dingue, j’ai halluciné. Ils se considéraient comme les élus de Dieu ; rien que ça. Un monde où on ne peut aimer et servir que Dieu, où « l’homme est le chef de la femme » (c’est Paul qui le dit dans ses Épitres aux Corinthiens, donc c’est vrai), où une femme risque le pilori en place publique si elle désobéit à son mari – avec les excréments qui te dégoulinent le long de la jambe pendant que les passants te crachent dessus, sisi -, où « une trop grande affection envers ses enfants et son mari est un pêché et un danger car elle risque de diminuer son amour pour le Seigneur ». Chez les Indiens, Mary n’en revient pas, car ils traitent leurs enfants avec bonté et miséricorde, alors qu’elle « punissait jadis ses enfants avec la régularité consciencieuse de toutes les mères puritaines ». Et je vous en passe. Dans ce monde ignoble où certains confondent leur volonté avec celle de Dieu – tellement pratique ! – et où la Bible valide l’esclavage, Mary va ouvrir de plus en plus les yeux et son coeur au sort des esclaves Africains et des Indiens, et remettre en cause toutes les croyances qu’on lui a inculquées depuis le berceau.

L’envol du moineau m’a happée. Roman d’aventures, roman historique, plaidoyer humaniste aux résonances parfois très modernes, il livre un beau portrait de femme en avance sur son temps. J’ai juste été un peu déçue par le déséquilibre entre les parties « anglaises » et « indiennes » du roman. Une lecture néanmoins marquante.

Un très grand merci au Picabo River Book Club et aux Éditions Le Cherche-Midi ! #picaboriverboolclub

« Elle se sent comme un oiseau qui se serait enfui de sa cage pour qu’aussitôt un chasseur l’attrape dans son filet et lui coupe les ailes. »

★★★★★★★★☆☆

  8 comments for “L’envol du moineau – Amy Belding Brown

  1. 31 mars 2019 à 17 h 12 min

    Ça a l’air d’être une lecture intense! Le sujet m’intéresse beaucoup alors je le note, merci 😉

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  2. 1 avril 2019 à 14 h 16 min

    une lecture tentante, ce thème m’intéresse +++

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  3. 1 avril 2019 à 20 h 14 min

    C’est vraiment le genre de lecture que j’apprécie et si Jim Fergus le conseille ainsi que toi Hélène avec ce beau partage, je vais le lire…. 🐬 Bonne soirée du 1er avril 🐳

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    • 4 avril 2019 à 17 h 26 min

      J’espère qu’il te plaira Eveline, en fait je n’en doute pas 🙂 Merci d’être passée, bonne soirée à toi, bises !

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  4. 3 avril 2019 à 22 h 58 min

    Je l’ai repéré avec une critique du Monde mais je préfère largement la tienne Hélène. La couverture est magnifique, le sujet me passionne. Je vais sûrement l’acheter. Je l’ai rajouté à ma liste BABELIO. Bises bretonnes pour toi 🙂

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    • 4 avril 2019 à 17 h 24 min

      Oh, c’est gentil ça, Frédéric ! Il devrait vraiment te plaire, effectivement 🙂 Bonne soirée à toi, bises

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