Beyond the sea, 2019. Traduit de l’anglais (Irlande) par Marina Boraso. Éditions Albin Michel, août 2021 ; 232 p.
★★★★★★★★☆☆
Mon avis (Rentrée automne, 6) :
Je ne suis pas, comme beaucoup, une Lynch-addict. Avant d’attaquer Au-delà de la mer, je n’avais lu que son premier roman, Un ciel rouge, le matin. Je ne pensais d’ailleurs pas déjà lire celui-ci. C’est une rencontre avec Paul Lynch organisée par la librairie Millepages le 10 septembre dernier, à laquelle j’ai eu la chance de pouvoir assister, qui m’a décidée. Et je suis bien contente d’avoir sauté le pas, car j’ai franchement aimé ce premier roman « non irlandais » de l’auteur.
Amérique du Sud. Bolivar et Hector, deux hommes que tout oppose, partis pêcher en mer sur un panga – frêle esquif ouvert à moteur –, réchappent de peu à une monstrueuse tempête pour se retrouver perdus seuls dans l’immensité de l’océan Pacifique. Bolivar, pêcheur coriace et buté et Hector, jeune homme dégingandé et très croyant, sont pris malgré eux dans les filets aliénants de la survie et de la peur, de la faim, la soif et la rancoeur.
« Il ne s’est pas passé plus de quelques jours, c’est évident, mais hier pourrait aussi bien être aujourd’hui ou la dernière heure écoulée. »
Pendant que leur errance s’étire et se prolonge, Paul Lynch explore avec finesse chaque nuance de cette cohabitation forcée, l’enfermement, le deuil de liberté, la perte de repères. De leurs actes il remonte leurs pensées. L’écriture est de toute beauté et certains passages m’ont vraiment captivée – je pense à ces moments intenses où les frontières entre lucidité, hallucinations et folie, rêves et veille se brouillent et se superposent en nous emportant dans un ailleurs où la vérité n’est que mouvance. Brillant.
L’idée de ce véritable huis clos en plein air, en pleine mer, est venue à l’auteur à la lecture d’un fait divers, qu’il a conjugué à des réflexions menées pendant les confinements successifs qui nous ont tous frappés l’an dernier. Paul Lynch réussit à emporter sans jamais vraiment lasser, et le roman de survie de se transformer peut-être, avec ampleur et acuité, en quête existentielle…
« Les contours familiers du monde, leurs propres voix, le bateau. Tout cela démembré par le tohu-bohu de la mer. Blottis l’un contre l’autre, ils restent couchés dans la glacière. Le vent réduit à une plainte filtrée. Plonger au creux des vagues, plonger aux tréfonds de la peur insondable et aveugle qui repose dans le cœur de chaque homme. »
L’auteur sur le blog : Un ciel rouge, le matin
Paul Lynch et Dominique Chevalier son interprète à la librairie Millepages le 10 septembre dernier : pour ceux que cela intéresse, vous pouvez visionner l’enregistrement de la soirée sur la page Instagram de la librairie, ICI (la vidéo fait 52 minutes)
Quelle chance d’avoir rencontrer cet auteur que j’admire tant. Pour moi c’est un peu le « Joseph Boyden irlandais ». Je fais partie de ces Lynch addict 😉 Merci Hélène pour ce beau partage. Bises bretonnes 🙂
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Oui, je sais que tu adores cet auteur, Frédéric 🙂 Je n’ai encore jamais lu Joseph Boyden, lequel me conseillerais-tu ? Bises
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Je pense que le sublime roman « Le chemin des âmes » de Joseph Boyden te plairais beaucoup Hélène, Bises bretonnes 🙂
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Après « Grace » sur la famine en Irlande, j’ai lu ce nouveau livre de Paul Lynch avec encore une grande émotion.
Merci Hélène pour ce partage littéraire, je suis heureuse de ta belle rencontre avec ce grand auteur. Bonne soirée, bises.
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Merci Eveline, il me reste à lire Grace, cela ne devrait plus tarder ! Bises, à bientôt
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Je suis ravie qu’il t’est fait cet effet. Il m’attend sagement…
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Il est original, bien fichu et intéressant, tu verras !
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« Sans jamais vraiment lasser », c’est tout à fait ça 🙂
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Oui, n’est-ce pas, merci pour l’adhésion à la formule 🙂
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☺
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