The lost Books of the Odyssey, 2007. Traduit de l’américain par Bernard Hoepffner. Actes Sud, 2010.
Ma chronique :
Un premier roman d’une belle érudition, une écriture très agréable. 44 chapitres qui sont 44 récits courts où l’on retrouve les personnages et les lieux de l’Iliade et de l’Odyssée, comme on ne les avait jamais lus.
Prenons une tapisserie. La Dame à la licorne par exemple. Son motif, qui nous est familier depuis des siècles, a été figé une fois pour toute par le tissage. Mais que se passerait-il si l’on s’amusait à défaire cette tapisserie ? Les fils prendraient chacun une réalité distincte, comme avant le tissage, et on aurait réellement conscience qu’une infinité de tissages différents existe, nouveaux motifs, couleurs interverties…
L’Histoire aussi est constituée d’une infinité de possibles. Les histoires.
Dans ce roman, c’est comme si Zachary Mason, sans défaire l’oeuvre d’Homère (sans détruire la tapisserie), nous laissait entrevoir l’écheveau derrière le texte, et nous permettait d’accéder à une perception différente des protagonistes, des héros, des lieux, des Dieux et de l’histoire. Il superpose au récit que l’on connaît, comme en transparence, des narrations différentes. Les personnages ont pris vie et prennent des décisions dont Homère ne nous avait pas fait part, on pourrait croire qu’ils se sont affranchis des contraintes de la plume de l’écrivain (ou encore que leur destin n’est plus soumis à la volonté des Dieux). Dans certains récits, ils ont même conscience de leur place de sujet dans un récit plus vaste. Tout devient possible, dans l’espace et dans le temps.
C’est un livre qui fait rêver et ouvre en grand les portes de l’imaginaire. Cette lecture m’a vraiment enthousiasmée, et m’a donné envie de relire l’Iliade et l’Odyssée.