Les éditions du sonneur, janvier 2020 ; 224 p.
Mon avis (Rentrée hiver 2020, 6) :
Albert et l’argent du beurre est un roman farfelu, rocambolesque et très divertissant. Je l’ai déniché pendant le confinement, grâce aux conseils de ma librairie en lectures numériques, sur leur site.
« – Qu’est-ce qui vous amène, Chantal ?, scarlatina le docteur avec circonspection.
– Non, moi c’est Sophie, tortilla Manon. »
Deux lignes et déjà ça décoiffe. Albert et l’argent du beurre, c’est un écrivain qui essaye d’écrire une histoire tandis que ses personnages n’en font qu’à leur tête. Ils se débinent, sont castés, troqués contre des géraniums, changent de sexe – ou de prénom ! – et tentent même un ou deux piquets de grève, entre autre pour changer le titre du livre, qui ne convient pas à la majorité.
Dans cette farce sans queue ni tête, Laurent Rivelaygue joue de façon débridée avec les mots et les styles. Le miroir sans tain de la fiction n’en finit pas de se fendiller, les personnages connaissent l’existence du roman en train de s’écrire, les poncifs deviennent leur propre négatif mijoté à la sauce surréaliste. L’auteur fait feu de tout bois, c’est souvent drôle, parfois aussi un peu lourdingue, en tous cas pour ma pomme qui suis plutôt humour anglais que grosse artillerie française. Pas grave. Et si, derrière le vaudeville décomplexé de ce texte pointait un regard un peu féroce sur notre époque de désillusion, de course à la notoriété hypocrite et de libéralisme forcené ?
J’ai passé avec Albert et l’argent du beurre un moment vivifiant. Il est à découvrir, tant pour son originalité que l’énergie désopilante déployée dans ses pages.
« – Putain la vache merde c’est dégueulasse, s’empourpra le médecin récent qui venait de perdre définitivement son flegme, ce dernier ayant rebondi sur le sol puis sur le rebord de l’évier avant de disparaître dans la bonde et d’atterrir dans une usine de retraitement de déchets qui allait le brosser afin de le faire reluire et le revendre en seconde main à un lord anglais grabataire. »
★★★★★★★★☆☆
Je suis abonnée au compte Facebook de Laurent Rivelaygue et je ris très souvent, son imagination débridée et sans bornes me confond.
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ça a l’air d’être un univers original et facétieux ! Beau weekend Hélène, Bises bretonnes 🙂
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