Éditions Anne Carrière, mars 2021 ; 292 p.
★★★★★★★★★☆
Mon avis :
Je lis peu de littérature française. Ce livre est arrivé entre mes mains dans un souffle joyeux, une brèche lumineuse dans la pâleur du jour. J’ai aimé. Quatre histoires inspirées de faits réels, nous dit la quatrième de couverture. « Ce qu’il faut d’audace pour changer le cours de son existence ! […] Ce qu’il faut, c’est un grain de folie et le goût des autres ». Curiosité et enthousiasme, j’ai commencé cette lecture sous les meilleurs auspices.
De Fourqueux aux Pouilles, de la Bretagne à Paris, Les déraisonnables raconte quatre tranches de vies d’aujourd’hui. Ces moments dans l’existence où, avec du recul, on sait qu’ils furent charnières, mais quand on est dedans, happés, ballottés par la tourmente, on ne sait juste plus s’il faut se raccrocher à ses angoisses ou à la routine. Un licenciement, la maladie d’un proche, un ego malmené, un divorce…
J’ai beaucoup aimé trois de ces histoires, Déconfiture, Étranger à ma mémoire et Laisse entrer la lumière (quel beau titre). J’en aurais voulu plus, un roman pour chacune, pas moins ! Des personnages très attachants, toutes générations mêlées. Le lien c’est la vie, et parfois même, c’est la clef.
Dans Déconfiture, Madeleine a soixante ans et vient d’apprendre son licenciement, lorsqu’elle noue amitié avec une jeune fille rencontrée dans le bus. Étranger à ma mémoire se situe dans les Pouilles. Pietro voit la mémoire de sa femme fuir de plus en plus le quotidien et dévoiler peut-être quelque secret de jeunesse. J’ai perdu ma mère il y a trois ans et demi, dévorée par Alzheimer, et cette histoire m’a énormément émue, qui évoque avec beaucoup de justesse les débuts de la maladie. Dans Plan B, je n’ai accroché à aucun des personnages, mais l’idée de ce type qui orchestre sa propre disparition est intéressante. La dernière histoire, Laisse entrer la lumière, met en scène un jeune père divorcé et une voisine âgée, ancienne danseuse du Crazy Horse.
Dans Les déraisonnables il n’y a pas de déluge de bons sentiments. Olivier Auroy nous offre, d’une plume sensible et pleine de vigueur, avec humour et curiosité, l’histoire de personnes meurtries qui vont de l’avant, nouent du lien, se fient à leur instinct et taillent leur propre chemin. Des gens ayant suffisamment cru (*) en l’autre et en eux-mêmes pour se réinventer. Et franchement, ça fait du bien ! J’ai été touchée.
Alors si mon avis vous inspire, je vous conseille cette lecture, sans modération !
*Pour l’anecdote, j’avais tout d’abord écrit qu’ils avaient suffisamment « crû » en l’autre et en eux-mêmes, haha, n’est-elle pas belle, ma coquille-lapsus ? « Croître » en l’autre et en soi-même, pas mal aussi comme programme.
Ma foi… une belle découverte, on dirait! Moi aussi, je lis peu de littérature française…
Ta façon de parler de ce roman me donne très envie d’en apprendre plus. Je vais aller lire un ou deux extraits, histoire de sentir le ton.
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Un très beau retour de ta part Hélène. J’aime aussi la couverture et le titre. Je te souhaite un beau weekend avec du soleil🌞 ici en Bretagne, Bises bretonnes 🙂
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