The unnecessary woman, 2013. Traduit de l’anglais par Nicolas Richard. Éditions les Escales, 2016 ; réédition en poche chez 10-18, 2017
— Prix Fémina étranger 2016 —
L’auteur : Rabih Alameddine est peintre et romancier. Né à Amman en Jordanie, de parents libanais, il partage aujourd’hui son temps entre San Francisco et Beyrouth.
Ma chronique :
Aaliya – quel beau prénom ! – est une Beyrouthine de soixante-douze ans, qui vit seule dans son grand et vieil appartement. Ancienne libraire, tout au long du roman elle bavarde ; comme seuls les solitaires savent le faire. Camus, dans la Chute, prévient : « Ah, mon cher, pour qui est seul, sans dieu et sans maître, le poids des jours est terrible. ». Aaliya, elle, a fait de la « traduction [son] maître ». « Et mes jours ont cessé d’être terriblement redoutables. Mes projets me distraient. Je travaille et les jours passent. » Et justement, au début du roman, elle réfléchit au choix du prochain roman qu’elle va traduire. Le premier janvier approche et chaque nouvelle année, elle entame une nouvelle traduction. « Traduire et ne pas publier, voilà ce sur quoi je mise ma vie »
De page en page, Aaliya raconte et continuellement digresse. Son passé et celui de sa ville, de son pays. Sa mère, son beau-père et ses demi-frères, son mari, sa meilleure amie Hannah, le début de la guerre civile en 1978, son travail à la librairie, ses voisines, sa passion pour la littérature, et ses traductions. Elle parle de la difficulté de se trouver soi-même, de faire face au poids de la tradition et de la famille. Les Vies de Papier emporte le lecteur à chaque époque de Beyrouth, dans un récit vivant et plein d’humour, constamment émaillé de références littéraires : une citation de Keats ici, les points communs qu’Aaliya a avec Faulkner là, un commentaire sur Styron, un autre sur Hemingway… tout cela mené sans pédanterie, avec le naturel de ceux qui ont tellement lu, que les auteurs et leurs œuvres font intimement partie de leur vie.
Dans Les Vies de papier, Rabih Alameddine fait vivre un personnage aussi vrai que nature, une femme de caractère à la flamboyance intérieure, râleuse et amie fidèle, amoureuse de la littérature et de sa ville, Beyrouth. Le livre est ambitieux, peut-être trop – difficile de trouver le juste courant entre voler haut et creuser juste -, mais c’est une lecture riche, intelligente et très agréable.
« Lire un bon livre pour la première fois est aussi somptueux que la première gorgée de jus d’orange qui met fin au jeûne du ramadan. »
J’ai entendu parler de cet ouvrage et ta critique me confirme qu’il est intéressant de par son sujet notamment. Merci pour le partage. Excellente semaine à toi, bises bretonnes 🙂
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La couverture est magnifique et c’est un thème qui me plairait très certainement !! 😉
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Oh oui il devrait te plaire ! Au départ en fait c’est la couverture que j’ai repéré sur le présentoir, et seulement ensuite je suis tombée sous le charme du quatrième de couv ^^
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Je l’ai lu il y a déjà quelques mois. C’est un très bon livre, certes un peu ambitieux parfois mais très bien fait
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Tout à fait d’accord, et j’ai adoré Aaliya.
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