Bouquet d’avis #3 (Irlande) : A la saison des marguerites – Tom Phelan ; Le sentier sauvage – Timothy O’Grady ; Cal – Bernard Mac Laverty

Aujourd’hui je vous parle de trois romans irlandais un peu anciens, qui méritent je trouve une nouvelle mise en lumière. Un coup de coeur et deux très bonnes pioches.

A la saison des marguerites – Tom Phelan (Balland, 1997)
Le sentier sauvage – Timothy O’Grady (Robert Laffont, 1993)
Cal – Bernard Mac Laverty (Belfond, 1984)

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A la saison des marguerites – Tom Phelan

In the season of the daisies, 1993. Traduit de l’anglais (Irlande) par Marc Amfreville. Éditions Balland, 1997 ; 299 p.

Mon avis :

Seanie Doolin est simple d’esprit, presque muet. Depuis vingt-sept ans, il a treize ans. Depuis ce soir funeste où Willie son frère jumeau est mort. Ce soir où une manoeuvre de l’IRA a mal tourné dans ce petit village irlandais. Depuis vingt-sept ans, Seanie revit cette nuit de cauchemar. A la saison des marguerites est un roman choral particulièrement bien construit, chaque chapitre donnant voix à un personnage différent, qui à mesure nous dévoile de nouvelles facettes de l’histoire. L’ensemble tisse une vérité composite. Et quels personnages ! McKenna, le médecin qui a noyé sa vie et sa carrière dans l’alcool et le remords, le père Quinn, un haineux qui saiMne à blanc la ville pour ériger un monument à sa mémoire, le boutiquier avare Peetie Mahon, le sergent McSwaine, obsédé sexuel dont les ruminations masturbatoires font quand même plutôt sourire, Mr Sheehan, le maître d’école…

Dissimulation, hypocrisie, loi du silence, que s’est-il donc passé ce soir-là ? Un roman qui fait grincer des dents, une vision peu amène de l’Irlande des années cinquante. Une histoire déchirante, triste et poétique, qui m’a vraiment marqué. Un coup de coeur.

L’auteur : Tom Phelan est né en 1940 à Mountmellick, dans le Comté de Laois. Ce premier roman est le seul jusqu’ici à avoir été traduit en français. Quel dommage !

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Le sentier sauvage – Timothy O’Grady

Motherland, 1989. Traduit de l’anglais (Irlande) par Robert Davreu. Éditions Robert Laffont, 1993; 299 p.

Mon avis :

Le Sentier Sauvage est celui évoqué par Dante au début de L’Enfer. L’intrigue complexe de ce roman se joue autour d’un narrateur entre deux âges, anonyme et étonnamment enfantin, en quête d’une mère aimante, mais excentrique, qui a disparu sans laisser de traces.

Un voyage étrange à travers l’Irlande, terre à la fois natale et inconnue, au climat et à l’histoire tourmentées.

Un manuscrit mystérieux contant la chronique d’une famille irlandaise, constitué génération après génération depuis le XIIème siècle, et qui semble contenir des indices concernant la disparition de sa mère.

Le Sentier sauvage est un conte allégorique sur l’Irlande, son passé, sa situation politique actuelle. Son écriture est brillante, le style touffu. J’ai beaucoup aimé cette histoire originale, qui flirte légèrement avec le fantastique, pleine d’humour, de philosophie, de métaphysique, d’histoire et de réflexions sur la condition humaine. (lu en septembre 1998)

★★★★★★★★☆☆

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Cal – Bernard Mac Laverty

Cal, 1983. Traduit de l’anglais (Irlande) par Michèle Garène. Éditions Belfond, 1984 ; 178 p.

Mon avis :

Irlande du Nord, années 80. Au plus fort des Troubles. Cal a dix-neuf ans. Il vit seul avec son père. Ils sont les deux derniers catholiques encore présents dans leur quartier protestant. Une époque de peur, de haine et de violences.

Cal, entrainé par des amis proches de l’IRA, s’est retrouvé mêlé au meurtre d’un policier britannique. Depuis, il est rongé par la culpabilité. Le roman commence un an après. Cal essaye de remplir ses journées vides. Il gratte sa guitare, cuisine pour son père Shamie, craint les menaces protestantes et va à la bibliothèque, pour emprunter des cassettes musicales. Là, il rencontre une nouvelle bibiothécaire, à laquelle il s’attache, avant d’apprendre son nom : Marcella Morton. Catholique elle aussi, c’est la veuve du policier protestant tué.

Pour la petite histoire, Helen Mirren, qui joue le rôle de Marcella dans le film de Pat O’Connor tiré de ce roman, a gagné le Prix de la meilleure interprétation féminine au festival de Cannes en 1984.

Dans ce roman à l’atmosphère sombre, on suit le chemin torturé de Cal, alors qu’il lutte avec sa propre conscience. Bernard Mac Laverty explore les thèmes de la solitude, du péché, de la liberté et de la responsabilité. Dans une ville déchirée par la guerre civile, y-a-t-il encore une place pour l’amour et la douceur ?

★★★★★★★★☆☆

L’auteur : Bernard Mac Laverty est né à Belfast en 1942. Cal est son second roman, le seul que j’ai lu, il y a quinze ans. Ses deux autres sont également traduits en français : Lamb et Symphonie pour Anna (je vous ai mis les liens vers leurs chroniques sur le blog de Yvon)

  7 comments for “Bouquet d’avis #3 (Irlande) : A la saison des marguerites – Tom Phelan ; Le sentier sauvage – Timothy O’Grady ; Cal – Bernard Mac Laverty

  1. 28 mai 2019 à 10 h 49 min

    « Cal » un très beau film désespéré ….

    Aimé par 1 personne

  2. 28 mai 2019 à 12 h 58 min

    J’ai très envie de faire un bout de chemin avec Seanie… Maintenant, il faut que je le trouve!

    Aimé par 1 personne

    • 28 mai 2019 à 14 h 09 min

      Oh oui, ce roman est une merveille ! Dis-moi si tu ne le trouves pas je pourrais te le prêter 🤗

      J’aime

  3. 28 mai 2019 à 16 h 07 min

    Cal me dit quelque chose… pas vu le film, ni lu le livre pourtant.

    J’aime

  4. 28 mai 2019 à 20 h 33 min

    Merci pour ce partage. J’aime beaucoup la littérature irlandaise de ces années là.

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