James & Nora : a portrait of a marriage, 1981. Traduit de l’anglais (Irlande) par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat. Sabine Wespieser Éditeur, mars 2021 ; 96 p.
★★★★★★★★☆☆
Mon avis :
J’ai hésité avant de faire un retour sur cette lecture. Et puis saperlipopette je me lance, car même si j’en parle avec deux mains gauches et la langue collée au palais, au moins vous saurez que ce petit livre vaut le détour et son pesant d’intérêt – tant Le portrait de Joyce en couple que nous livre Edna, que la passionnante postface de Pierre-Emmanuel Dauzat.
Edna O’Brien a écrit cet essai en 1981. Elle a découvert James Joyce pendant ses années d’études. Devenu son mentor et sa muse, elle le lit depuis, quasiment chaque jour. Lire Edna qui lit Joyce est une expérience vivifiante, mais qui demande de l’attention. James Joyce et Nora Barnacle se sont rencontrés en juin 1904 dans la rue. Lui étudiant, elle femme de chambre originaire de Galway, ils sont transportés physiquement et mentalement dans « un sur-amour intense, obsessionnel et attentionné ». Perpétuellement dans la dèche, ils courent la Suisse, l’Italie et la France pour gagner quelques sous. Deux enfants naissent. Joyce, avec « ses qualités de monstre » et « son naturel railleur et méprisant », qui harcèle son frère par lettres pour qu’il lui trouve de l’argent, donne à préférer au lecteur le génie plutôt que l’homme. Son œuvre se construit, exclusive et dévorante. James et Nora ont vécu une relation inclassable et charnelle qui semble avoir été au final – en tous cas au prisme de la plume d’Edna O’Brien -, dominée par la pauvreté et la solitude.
La postface est un régal, qui nous livre de nombreuses interrogations et anecdotes sur les difficultés et les enjeux de traduire Joyce, dont Pierre-Emmanuel Dauzat rapproche la langue, écrite en dix-sept autres, du Yiddish. Il nous explique aussi qu’Edna O’Brien apporte une analyse singulière sur le propos de Joyce, car étant irlandaise, elle connaît la prononciation de l’anglais dans les différentes régions de l’Irlande, et sait l’habillement anglais des mots irlandais. Quel casse-tête !
Et donc, le petit livre d’Edna O’Brien ouvre de nombreuses portes vers la vie et l’oeuvre de James Joyce – et cette édition française, avec sa postface, offre un éclairage passionnant sur la traduction.
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