La vérité sur la lumière – Auður Ava Ólafsdóttir

Dýralíf, 2020. Traduit de l’islandais par Eric Boury. Éditions Zulma, octobre 2021

★★★★★★☆☆☆☆

Mon avis (Rentrée automne 2021, 4) :

Grosse déception. Je n’ai pas retrouvé dans le nouveau roman d’Audur Ava Olafsdottir cette petite musique humaine pleine de mélancolie et d’intensité, d’humour et de poésie que j’ai tant adoré dans ses autres romans (coup de coeur pour Ör, Miss Islande et la seconde moitié de Rosa Candida. très grand plaisir de lecture avec Le rouge vif de la rhubarbe, son premier roman). Mais où est donc passée la plume libre, inventive et doucement sauvage de cette formidable auteure islandaise ?

La quatrième de couverture de La vérité sur la lumière était pourtant divinement alléchante : « Issue d’une lignée de sages-femmes, Dýja est à son tour « mère de la lumière ». Ses parents dirigent des pompes funèbres, sa sœur est météorologue : naître, mourir, et au milieu quelques tempêtes.
Alors qu’un ouragan menace, Dýja aide à mettre au monde son 1922e bébé. Elle apprivoise l’appartement hérité de sa grand-tante, avec ses meubles vintage, ses ampoules qui clignotent et un carton à bananes rempli de manuscrits. Car tante Fífa a poursuivi l’œuvre de l’arrière-grand-mère, insérant les récits de ces femmes qui parcouraient la lande dans le blizzard à ses propres réflexions aussi fantasques que visionnaires sur la planète, la vie – et la lumière.
Sous les combles, un touriste australien semble venu des antipodes simplement pour faire le point. Décidément, l’être humain est l’animal le plus vulnérable de la Terre, le fil ténu qui relie à la vie aussi fragile qu’une aurore boréale. »

Mais oups, La vérité sur la lumière se révèle décousu et froid. Le plus rageant, à vrai dire, c’est que c’est peut-être fait exprès. En effet, étrangement, certains qualificatifs que la narratrice utilise pour évoquer l’oeuvre inachevée de sa grand-tante décrivent parfaitement ce roman-ci : « absence de structure », « une étrange compilation de matière disparate », « un apparent chaos régi par une forme de système ».

Eric Boury n’aurait pas été à la traduction, j’aurais cru à un problème de ce côté-là. Peut-être en français ne peut-on éviter de perdre l’essence de ce roman, sa plus belle part ? Exemple : Ljosmodir, le mot pour sage-femme, veut dire littéralement « mère de la lumière » en islandais. Il y a des dizaines de mots pour dire la neige. Il est beaucoup question d’heures de lever et de coucher du soleil. Les journées en été qui durent 22 heures et en hiver à peine trois. Ce roman est vraiment très islandais.

D’autant plus déçue, donc, que j’ai eu l’impression qu’un roman formidable n’était pas loin. Mais là, non. Je ne me suis attachée à aucun personnage, le style est presque lourd, balayé de sentences pseudos philosophiques ou de vulgarisation scientifique, et de répétitions. La lumière garde donc pour moi tout son mystère, une fois ce livre terminé… Ce qui ne m’empêchera pas de me jeter les yeux fermés sur la prochaine publication de Audur Ava Olafsdottir !

Les romans de l’auteure sur le blog : Le rouge vif de la Rubarbe / Ör / Rosa Candida / Miss Islande

  17 comments for “La vérité sur la lumière – Auður Ava Ólafsdóttir

  1. 14 octobre 2021 à 16 h 54 min

    Mince, quand tu m’en as parlé pendant ta lecture, je ne pensais pas que la déception serait aussi grande… J’ai Rosa candida dans ma pal depuis une éternité mais je en sais pas pourquoi, il ne m’inspire pas. Je commencerais donc ma découverte de L’autrice avec Ör.

    Aimé par 2 personnes

  2. 15 octobre 2021 à 7 h 58 min

    J’aime beaucoup la manière dont tu décris la plume (habituelle) de l’auteure, en ouverture de ta critique. Quant à ce roman, tu sais que je suis d’accord avec toi et que, à mon sens, la philosophie et les éclats savants émaillant ce récit ne l’aident pas à être moins froid…

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  3. 15 octobre 2021 à 8 h 04 min

    J’éviterai donc celui-ci… d’autant que j’avais été un petit peu moins enthousiaste pour Miss Islande que pour les précédents, déjà…

    J’aime

  4. 17 octobre 2021 à 2 h 38 min

    Merci pour ce billet éclairé et éclairant. Je suis refroidie. Je garde un bon souvenir de Rosa Candida, mais je ne suis jamais allée plus loin. Après coup, Ör serait ma suite logique dans la découverte de cette Islandaise…

    Aimé par 1 personne

  5. Christelle
    24 octobre 2021 à 14 h 56 min

    Oh ben mince alors ! Je l’ai eu en mains et puis l’ai reposé car, excepté Rosa Candida, je n’ai accroché avec aucun de ses romans … et pourtant ils m’attirent toujours …

    Aimé par 1 personne

  6. 1 novembre 2021 à 14 h 38 min

    Je viens de terminer ce roman et je suis tout à fait en accord avec ta critique : je dois dire que je pense n’avoir pas très bien saisi certains messages du livre…

    Aimé par 1 personne

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