De grâce et de vérité – Jennifer Johnston

Grace and truth, 2005. Traduit de l’anglais (Irlande) par Anne Damour. Éditions Belfond, 2007 ;  228 p. – réédition en poche chez 10-08, 2009

★★★★☆☆☆☆☆☆

Mon avis (Mémoires d’acajou, 1) :

Le propos de De grâce et de vérité n’est pas passé. J’ai deviné dès le départ le nexus de l’histoire, mais j’espérais me tromper – et vraiment, il ne me serait jamais venu à l’esprit que cela serait traité de cette manière. Et ça coince. Je ne veux pas vous spoiler, je ne peux donc rien dévoiler. Ce que je vous raconte va hélas rester incompréhensible, et j’en suis bien désolée. Je risque même d’éveiller votre curiosité… Alors je vais simplement évoquer un point. J’ai beau essayer de réfléchir objectivement à cette histoire, je ne peux me départir de la vision des choses suivante : à l’épineuse question du consentement d’un mineur dans une relation intra-familiale, l’autrice nous fait passer au bout du compte l’adulte pour une pauvre victime malheureuse. Et c’est intolérable.

Ma réaction épidermique et le temps que j’ai passé à démêler mes ressentis (j’ai été touchée à contre-coeur) démontre une fois encore le talent de Jennifer Johnston, et la puissance de ses personnages. C’est imparable, on ne peut échapper à sa plume, elle est diaboliquement douée. Elle nous livre également ici un superbe hommage au théâtre irlandais, Synge, Beckett et l’actrice Siobhan McKenna. Mais franchement, pour découvrir cette remarquable autrice, essayez un autre titre. J’ai failli ne pas publier ici de retour de lecture – c’est dire. En plus, la première moitié du roman est vraiment trop lente.

4ème de couverture : De retour à Dublin après une tournée triomphale sur les scènes européennes, Sally ne s’attendait pas à pareille nouvelle : Charlie est sur le point de la quitter. Cette annonce lui fait l’effet d’un choc. Elle réalise qu’elle n’a jamais été heureuse, qu’elle est devenue actrice pour mieux se fuir elle-même. Une évidence s’impose : il lui faut découvrir ce que sa mère lui a toujours caché, l’identité de son père. Sally va alors se tourner vers le seul être capable de lui donner des réponses, son grand-père, et découvrir, effarée, l’histoire de sa famille, hantée par le mensonge et le déni…

Jennifer Johnston sur le blog : Un homme sur la plage / Un noël en famille / et parmi ceux que j’ai lu d’elle avant le blog, mes préférés sont, de mémoire : Les ombres sur la peau et Un noël blanc, suivi de peu il me semble par Petite musique des adieux.


A venir pour mes mémoires d’acajou : je suis aux deux tiers d’Infinis de John Banville, et je me régale ! J’ai aussi vaguement commencé Les petites filles d’Elizabeth Bowen, mais il ne se passe pas en Irlande aussi je suis un peu dépitée. J’espérais un roman comme son Dernier automne, autour d’une Grande Maison et de ses occupants anglo-irlandais. La 4ème de couverture me donne cependant vraiment envie de ne pas différer sa lecture… sauf qu’alterner un Jennifer Johnston et un John Banville me convient tellement en ce moment que je suis tout de même vraiment tentée d’embrayer directement à la fin d’Infinis sur Je m’appelle Mimi – le dernier Jennifer Johnston de ma PAL – et Les disparus de Dublin – le premier tome de la série de romans policiers de John Banville, sous son pseudonyme Benjamin Black. Ceci étant bien sûr sans compter avec L’obscur de John McGahern, nouvellement réédité chez Sabine Wespieser et offert par mon fils à Noël, qui menace de bousculer tous ces plans joyeusement bordéliques. Hahaha. A bientôt !


Pour retrouver mes autres Mémoires d’acajou, c’est ici

  4 comments for “De grâce et de vérité – Jennifer Johnston

  1. 12 janvier 2023 à 9 h 08 min

    Je n’étais plus très sûre en lisant le début de ton billet, puisque tu n’en dis pas trop, d’avoir lu ce roman, mais oui… et effectivement, j’avais été choquée aussi, tout en admettant que c’était bien écrit (pas de billet sur le blog, il date de 2010, mais il est possible de lire mon avis sur Babelio)

    Aimé par 1 personne

    • 15 janvier 2023 à 12 h 28 min

      Oh, je viens de lire ton avis sur Babelio, tu en parles avec une grande justesse, bravo ! Et tu as eu la même lecture que moi, ça me rassure – j’avais parcouru deux ou trois avis une fois ma lecture terminée et j’avais l’impression d’être la seule choquée. Ca me fait vraiment plaisir que nous voyions les choses pareil. Et toi, en 2010, qui plus est. J’en étais venue à me dire que peut-être, au sujet de la notion de consentement, nous n’appréhendons plus les choses de la même manière en 2023 qu’à la parution de ce roman…. mais même si c’était le cas, lorsqu’une personne se suicide, comment justifier cet acte ? Donc j’en suis revenue à chaque fois au même point dans mes réflexions : ça ne passe pas. Si elle a écrit ce roman pour nous faire réfléchir à ce sujet, c’est très réussi pour ma part.

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