All that is solid melts into air, 2014. Traduit par Carine Chichereau. Editions Belfond, 2015. 400 p.
Ma chronique :
Mon deuxième livre de la rentrée littéraire est un énorme coup de coeur, qui laisse groggy. Merci, Darragh McKeon.
« Tout ce qui est solide se dissout dans l’air » est une œuvre d’envergure, que l’on sent profondément documentée. L’union soviétique vacillante, la catastrophe de Tchernobyl. Une histoire portée par des personnages forts. Longtemps je penserai à eux ; Grigori, Maria, Evgueni, Artiom.
L’écriture est sobre, fluide, profonde, poétique : parfaite. Et la traduction, tout aussi belle.
Comment en parler ? J’ai noté de très nombreux passages, que je relirai. J’ai déjà commencé à les relire. Des descriptions, des réflexions, belles, vraies, obscures, tragiques. Des pépites. C’est un livre dont je pourrais apprendre des passages entiers par coeur, je le sens.
Visuellement très fort, ce premier roman de Darragh McKeon est porté par un rythme étudié, virtuose ; comme un ballet, ou plutôt un opéra, poignant et dramatique. La vie à Moscou, puis ce qui se joue à Tchernobyl. Tout au long du roman, les personnages oscillent, en chair ou en pensées, entre ces deux univers.
Evgueni, jeune pianiste prodige de neuf ans, sa tante Maria, journaliste dissidente maintenant ouvrière d’usine, son ex-mari Grigori, chirurgien, et Artiom, treize ans, qui vit avec sa famille dans un kolkhose non loin de Tchernobyl. Nous sommes le 26 avril 1986 au matin et le monde ne le sait pas encore, mais sa face vient de changer : le coeur du réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl est entré en fusion.
La survie quotidienne, face au drame. Ou même la survie tout court. Car dans ces lignes il y a Tchernobyl, mais aussi tout le reste. L’inertie d’un système totalitaire agonisant. L’ampleur de tous les désastres. Et les volontés qui résistent, même infimes, envers et contre tout. La vie. L’amour.
A certains moments de lecture, j’ai été obligée de poser le livre tellement c’était triste, poignant, douloureux, abominable. Sortir, respirer une grande bolée d’air frais, regarder les feuilles s’agiter dans les arbres, vérifier que le ciel ici est toujours bleu. Il y a ça aussi chez Darragh McKeon : l’identification aux personnages, à leur simple humanité.
Un roman dense, extraordinaire, en plus d’être un hommage bouleversant à tous les sacrifiés de Tchernobyl. Je ne suis pas prête de m’en remettre. Un livre à découvrir d’urgence.
Extraits :
Des poutres se recourbent. La voix de baryton du métal arraché vrombit en choeur avec les vibrations rauques et continues de l’explosion.
Mais bientôt la forêt est devenue rouge, les feuilles rutilaient. Youri se souvenait que le père d’Artiom en avait ramassé une en déclarant : « Mère Nature saigne ».
Joli billet qui donne envie. Je le lirai c’est sûr !
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Merci ! Ah oui vraiment, celui-ci il faut le lire 🙂
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Superbe chronique! Je n’ai jamais lu de roman parlant de la catastrophe de Tchernobyl. Celui-ci m’a l’air vraiment intéressant, je le note, merci 🙂
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Merci ! J’étais comme toi ; j’espère que tu le liras 🙂
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