Scénariste : Alain Ayroles ; Dessinateur : Bruno Maïorana ; Coloriste : Thierry Leprévost. Bande dessinée publiée en 2009 aux éditions Delcourt.
Ma chronique :
J’ai la chance d’avoir près de chez moi une médiathèque au rayon BD idéalement fourni, aussi depuis quelques mois je rattrape mon retard dans ce domaine, et je continue mes explorations bédéesques. J’avais beaucoup aimé « De Cape et de Crocs » quand les premiers tomes sont sortis il y a quelques années déjà (là aussi j’ai des épisodes de retard), aussi lorsque j’ai découvert la série « D », scénarisée par le même Alain Ayroles, trois volumes situés à l’époque victorienne, et avec des vampires ?! … Tiercé gagnant : je me suis plongée derechef dedans. Je ne connaissais pas le dessin de Bruno Maïorana, mais vu comme j’ai apprécié son style ici, je lirai très vite leur autre série conjointe, « Garulfo ».
Lord Faureston, c’est l’Angleterre Victorienne comme j’aime, toute en contrastes, entre archaïsme social strict et volonté d’émancipation humaine et technologique ; on oscille entre haute société opulente et bas-fonds sordides. Un explorateur charismatique au fort caractère, un mystérieux et ténébreux séducteur, une charmante lady très attachante, un petit employé de banque qui se transforme en chasseur de vampires durant la nuit… L’atmosphère m’a tout de suite plu, ainsi que l’histoire, qui mêle action, humour, fantastique, folie, et toute la modernité éclairée du dix-neuvième siècle.
Un scénario très bien mené. Distillé par petites touches de mystères. L’action alterne parfois avec de légers flashbacks ainsi que des passages lus, ce qui apporte un rythme assez envoûtant. Nous sommes loin des gentils vampires de Twilight ; vous qui aimez l’univers de Bram Stoker, vous allez vous régaler !
Le dessin est élégant, vivant, maîtrisé. L’expressionnisme de Maiorana met en scène avec énergie et justesse les ombres de l’âme humaine, en miroir de l’atmosphère, des demeures, des ruelles ; le méplat d’une pommette, l’étincelle d’un regard, les recoins au cœur de la nuit noire.
Beaucoup d’humour et des échanges savoureux ; le dandy Allistair Swindley m’a fait penser à Oscar Wilde : fameux. Des personnages très bien campés. Je ne vais pas les détailler ici, lisez la BD pour les découvrir ! Une ambiance parfois violente, macabre, inquiétante. Des sentiments, aussi. Le premier baiser échangé dans un arbre entre Catherine Lacombe et Richard Drake est-il réel, rêvé, fantasmé ? Très jolie scène, un bel exemple du talent des compères Ayroles et Maïorana pour composer l’univers fascinant de cette trilogie.
Lord Faureston, c’est bien mieux qu’une énième histoire de vampires ! J’ai adoré.
Extraits :
— Mister Drake !… En mission d’exploration, je présume. Allons nous voir les rites de la bonne société dépeints dans l’une de vos publications ?
— L’ouvrage tomberait sous le coup de la censure, My lord. Les moeurs de cette tribu sont par trop féroces.
— En effet. La rumeur y fait de grands carnages. Mais la principale cause de décés reste l’ennui.
Le romantisme est mort. En ces temps prosaïques, la mode est au banal, au quotidien : fiacres, fog, becs de gaz… Les lecteurs veulent du concret, de l’intime… Lorgner par un trou de serrure l’âme de leur voisin !
— Auriez-vous un proverbe Massaï – ou Kikouyou – de circonstance ?
— Un proverbe irlandais.
— Et que dit-il ?
— « Victoire se fête, défaite se noie, en toute occasion… Bois ! »
L’autre… Existe-t-il vraiment ? Il passe comme une ombre dans mes nuits ; il est un roi cruel au pays des songes, qui me dit « Viens ma reine » et m’invite à valser… Et tournent tournent les lumières du bal… Elles deviennent des étoiles… Et je tombe… Tombe… Jusque dans les cieux !
Je me note le titre… 🙂
Tu as de la chance, ma médiathèque de quartier n’est pas si bien fournie en BD pour adultes.
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De la chance, oui vraiment ! En plus on trouve les séries complètes… Déjà l’an dernier, en explorant le rayon young adult, j’avais eu de très belles surprises, et maintenant ça ! Ils sont vraiment au top – et je le leur dit régulièrement d’ailleurs 😀
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