• Le Captivé – Dabitch & Durieux
Scénario : Christophe Dabitch – Dessins : Christian Durieux ; Éditions Futuropolis, 2014 ; 120 p.
Mon avis :
Le Captivé est basé sur une histoire vraie, celle d’Albert Dadas, qui à la fin du 19ème siècle souffre d’un trouble compulsif de la fugue. Il entend un nom de ville ou de pays et soudain, comme en transe, il se met à marcher et il part. Vite et loin. Marseille, l’Algérie, la Russie. Quand il reprend ses esprits, il ne sait plus comment il est arrivé où il se trouve. Il n’arrive pas à contrôler ces fugues, et en 1886, il est pris en charge à Bordeaux par le jeune psychiatre Philippe Tissié, qui décide de le traiter par l’hypnose. Le roman graphique alterne les échanges entre Tissié et Dadas, les récits des voyages involontaires d’Albert, et les points de vue de différentes personnes ayant croisé Dadas, médecins, militaires, hommes politiques.
Ah, le mystère fascinant du cerveau, de la psyché humaine ! Ce problème est-il dû à sa chute d’un pommier quand il avait huit ans ? On imagine un hématome, peut-être, une pression sur certaines zones du cerveau. Ou est-ce une duperie ? Une simulation pour échapper à sa condition de petit travailleur et partir. Une sortie d’hystérie, d’auto-suggestion ? Ou est-ce juste quelqu’un né à la mauvaise époque, avec des aspirations différentes de ses compatriotes ?
Les dessins m’ont plu, en noir et blanc, de la douceur, très adaptés au contenu, et l’époque est bien rendue. Et justement, l’époque et son contexte médical et social, que l’on situe encore mieux après avoir lu le dossier passionnant à la fin de l’album. Aujourd’hui, tout le monde fait du sport, nage, court, « runne », les gens voyagent partout, tous les milieux sociaux se promènent et font de la randonnée. Mais à la fin du dix-neuvième siècle, en France, la marche à pied c’est pour les pauvres ! Les gens ne font pas de sport et seuls les nantis voyagent, et encore pas à l’aventure.
J’ai trouvé cette mise en perspective avec notre époque des plus intéressante, de même que le propos de l’album, dans son ensemble. D’où venons-nous, par quoi sommes-nous passés ? Le type a un problème de fugue et l’un des premiers médecins qui le soigne, mettant sa pathologie sur le compte d’une masturbation excessive, tente de le soigner en lui infligeant une séance d’électrisation des testicules et de l’anus. Génial. Cela m’a rappelé un épisode de l’excellente série The Knick, avec Clive Owen – sur un hôpital dans le New-York de 1900, où un médecin, situant l’humeur mélancolique dans les racines des dents, décide de toutes les arracher à une jeune femme dépressive… On revient de loin, non ? Et vers quoi allons-nous ?
• Balades en philosophie – Janine
Scénario et dessins : janince ; Éditions Delcourt (Octopus), mai 2018 ; 136 p.
Mon avis :
Pour sortir des manuels scolaires, en introduction à la philosophie, avant on avait (l’excellent) Le monde de Sophie de Jostein Gaarder. Puis il y a eu les chaines Youtube, Cyrus North ou Dany Caligula, par exemple. Maintenant, on a aussi cet album !
Janine est prof de philo et blogueuse Bd et dans ces Balades en philosophie, elle propose une autre approche de la philo, en l’amenant dans notre quotidien. C’est hyper bien fichu. Chaque concept évoqué est abordé avec ingéniosité et humour, d’une manière claire et ludique. Platon, Spinosa, Kant, Bourdieu, chacun son tour va débarquer, l’un dans sa salle de bains, l’autre pendant un diner entre copains ou encore au parc. Réfléchir sur le temps, les représentations, les sentiments. Les dessins particpent également à la fraicheur du propos. Franchement, que ce soit pour les futurs bacheliers ou bien tous les autres, qui aspirent à se replonger dans la philo, cet album est vraiment très sympathique.
« « Critique » vient du grec « krinen », qui veut dire « séparer ». D’abord se séparer de soi-même, de ses propres représentations. C’est le principe de la réflexion. Comme un miroir, je réfléchis. C’est faire un retour sur soi. Ne pas rester rivé à soi-même. Prendre du recul. […] Séparer, c’est aussi faire des distinctions. Ça permet d’y voir plus clairement. De ne pas confondre des choses qui se ressemblent. »
je note les 2. Je ne les connaissais pas mais le thème me plaît et la philo présentée comme ceal aussi 🙂
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Les deux albums me plaisent, thèmes originaux et ludiques…. merci Hélène 😉
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Tu me fais découvrir un univers que je méconnais. La première BD a l’air vraiment chouette. Belle soirée à toi et merci pour ce joli partage 🙂 Bises bretonnes 🙂
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Je trouve que les thèmes abordés dans les albums, Bds et romans graphiques sont de plus en plus variés, intéressants et ils permettent souvent une autre approche qu’un roman. 24 heures ne sont pas prêt de nous suffire dans chaque journée, avec tout ce qu’il y a à lire, à voir et à découvrir ! Tsss lol Bises à toi aussi !
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oh que oui, on ne saura que choisir pour mettre sur la liste du père noël.. j’ai quelques idées grâce à toi, beau weekend, bises bretonnes ensoleillées ! 🙂
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