Into the forest, 1996. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Josette Chicheportiche. Éditions Gallmeister, 2017 ; réédité en poche, collection Totem, éditions Gallmeister, juin 2018
Ma chronique :
Je suis tout à fait friande de dystopies et de romans post-apocalyptiques, mais ce n’est pas un roman comme les autres. Même au plus sombre, ce livre est tout en douceur. Dans la forêt, c’est le journal de Nell. Elle commence à l’écrire le soir de Noël, elle a dix-sept ans et sa sœur Eva, dix-huit. Elles vivent dans une maison au coeur des bois, à cent-cinquante kms de San Francisco, cinquante kms de la première petite ville, six kms de la plus proche habitation. Leurs parents n’ont pas choisi ce bout de forêt pour vivre dans une optique survivaliste, mais pour offrir à leurs filles une existence différente, plus proche d’un idéal.
Nell raconte leur vie au jour le jour dans ce coin du nord de la Californie, et on va vite comprendre qu’il s’est passé quelque chose.
« Ces jours-ci, nos corps portent nos chagrins comme s’ils étaient des bols remplis d’eau à ras bord. Nous devons être vigilantes tout le temps ; au moindre sursaut ou mouvement inattendu, l’eau se renverse et se renverse et se renverse. »
Elles vivent maintenant seules dans cette maison. Pourquoi ? La société semble métamorphosée. Comment ? Rien d’aussi colossal qu’une attaque nucléaire ou une pandémie généralisée, non. Des dérives insidieuses, une combinaison de facteurs convergents : une guerre lointaine, des attaques de groupuscules paramilitaires, une crise économique généralisée, des catastrophes naturelles. Le monde a toussé, s’est grippé. Puis il s’est arrêté.
« Quand je pense à la façon dont nous vivions, à la désinvolture avec laquelle nous usions les choses, je suis à la fois atterrée et pleine de nostalgie. »
Que faire ? Attendre ? Agir ? Grandir ? Dans la forêt est une histoire d’apprentissage, de transmission. Un livre visionnaire, aussi : il a été écrit il y a vingt ans ! Aujourd’hui il est tellement crédible, c’en est flippant.
Une fois commencé, je n’ai plus réussi à le lâcher. A part un passage qui n’avait à mon sens pas lieu d’être et n’apporte rien, ce roman a été un éblouissement de bout en bout. Très bien construit, riche, merveilleusement écrit et traduit, il délaye un regard incisif sur notre société, un vrai suspense, des rebondissements parfois haletants, de l’humour, beaucoup de poésie. C’est une de mes lectures les plus marquantes de l’année, un coup de coeur. (à noter aussi que les livres de la collection poche de chez Gallmeister (Totem) sont d’une très belle qualité et ici, l’illustration de couverture de Sam Ward est vraiment splendide !)
« Nous ne sommes pas chrétiens, nous sommes capitalistes. Tout le monde dans ce pays de branleurs est capitaliste, que les gens le veuillent ou non. »
J’ai eu la chance de participer à une belle rencontre avec Jean Hegland – qui est adorable – mercredi 19 septembre dernier, à la librairie Dédicaces à Rueil-Malmaison. Dans la Forêt, elle a voulu explorer la reconnexion à la nature. Il faut prendre conscience de manière urgente qu’on ne peut pas continuer à vivre comme on le fait. Ce roman n’est pas un livre de recettes, selon elle, mais plutôt une métaphore. Il faut trouver notre force en nous et non pas dans l’attente. Et un petit scoop, ça vous dit ? Jean Hegland travaille actuellement à une suite de Dans la forêt, se situant quinze ans après…
Une suite ? Chouette ! Je sais que j’aurai un peu peur de la déception, mais je serai ravie de la lire tout de même.
Je suis ravie de lire ta chronique (la mienne sera publiée demain) ! J’ai lu plusieurs personnes qui l’ont trouvé trop lent, mais comme toi j’ai été captivée ! C’est un livre sublime, délicat… et il continue à me hanter depuis que je l’ai reposé. (D’ailleurs, je suis obnubilée par bien trop de lectures récentes, merveilleuses histoires d’amours littéraires, ça commence à se bousculer dans ma tête et dans mon cœur.)
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En attendant cette suite, c’est son roman de 2015 que j’aimerais bien voir traduit, « Still Time », une histoire sur la mémoire, les mondes de Shakespeare et le pouvoir de la réconciliation. Je croise les doigts. J’ai hâte de découvrir ta chronique 🤗 moi aussi en ce moment j’enchaîne les lectures fortes et impactantes… Mais dans quel état va-t-on finir l’année ? 😲😂
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Ah oui, intéressant… Je n’avais même pas encore pensé à regarder ce qu’elle avait pu écrire d’autre ! Vu le succès de Dans la forêt, peut-être qu’ils vont se pencher sur cette traduction !
Je n’en sais rien, mais quel plaisir !
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Ce roman n’est pas dans la lignée éditoriale de Gallmeister, mais j’espère comme toi qu’un autre éditeur va s’en saisir 😀
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Merci pour ce beau partage. La couverture est magnifique. Je note ce livre car l’histoire, et ce que tu as très bien décris dans ta critique, m’attire. En plus, il est en poche. Décidément, j’aime les éditions Gallmeister. J’ai lu un livre de cette maison d’édition dernièrement et c’est un bonheur ! j’en reparlerais prochainement 😉 excellent weekend et bises bretonnes pour toi 🙂
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Oui, la couverture est vraiment magnifique c’est vrai ! C’est un livre à part, vraiment marquant, j’espère qu’il te plaira autant qu’à moi si tu le lis… Bises, à bientôt 🙂
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Une lecture qui m’a marquée également. J’attends la suite avec impatience.
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Pareil ! 😀
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