A rude épreuve (Les Cazalet, tome 2) – Elizabeth Jane Howard

Marking times. The Cazalet Chronicles, vol. II, 1991. Traduit de l’anglais par Cécile Arnaud. Éditions la Table Ronde, octobre 2020 ; 608 p.

Mon avis (Rentrée automne 2020, 8) :

Je voulais pouvoir apprécier pleinement ce deuxième tome de la saga des Cazalet et les dernières semaines, pesantes et désordonnées, ne m’ont pas permis de m’y plonger avant le week-end dernier. Mon attente a finalement été récompensée, car ce fut un immense bonheur de lecture. A rude épreuve a été un très gros coup de coeur (je l’ai trouvé encore meilleur que le tome 1).

Le roman s’ouvre sur la famille réunie à Home Place en septembre 1939, alors que la guerre devient certaine et imminente.

Cette fois-ci, le récit est principalement porté par les voix de Louise, Polly et Clary, les trois cousines maintenant adolescentes, et ce choix narratif apporte beaucoup de dynamisme et de profondeur au roman. Le ton est toujours très juste et, comme dans Étés anglais, l’auteure se révèle merveilleuse pour dépeindre les personnalités avec nuance, finesse et empathie. On a l’extraordinaire impression d’y être, dans ce quotidien anglais du début de la guerre, à préparer chaque pièce pour le black-out et désespérer de ne plus trouver de citrons, quand la guerre et l’incertitude s’immiscent de plus en plus dans chaque geste du quotidien et que chacun participe à sa mesure.

On retrouve les personnages d’Étés anglais, les Cazalet, leurs domestiques et la famille élargie, et on en découvre de nombreux autres ; plaisir de cet écheveau minutieux et imbriqué de caractères. Plus qu’une saga familiale, Elizabeth Jane Howard raconte la société anglaise, où l’on devine les profondes mutations en train d‘advenir, qu’elles concernent les classes sociales ou la place des femmes. Le ton est souvent chaleureux et plein d’humour, mais c’est pour mieux nous emporter vers les moments plus sombres, les pertes et les chagrins, les problèmes de santé et les incertitudes. Dans ce tome, il est aussi beaucoup question de silence et de non-dits.

A rude épreuve confirme (s’il le fallait) le talent d’Elizabeth Jane Howard et de ses traductrices. Cette lecture a été pour moi réconfortante et captivante, j’ai souvent été bouleversée. Ma seule consolation de l’avoir déjà terminé est la parution pas si lointaine du prochain tome : en mars 2021 ! Joie. Merci infiniment aux éditions La table Ronde.

« Elle s’étonna du fait que des choses ordinaires aient commencé à paraître irréelles. C’était sans doute parce que l’inconnu – qui planait au-dessus d’eux et qu’ils semblaient presque attendre – avait commencé à paraître… pas seulement bizarre et mélodramatique, mais plus réel que ce qui se passait vraiment. C’est toute cette attente, se dit-elle, de grandir, de voir la guerre bien ou mal tourner, ou se terminer. »

Les autres romans de l’auteure chroniqués sur le blog : Une saison à Hydra et Étés anglais (Les Cazalet, tome 1)

  14 comments for “A rude épreuve (Les Cazalet, tome 2) – Elizabeth Jane Howard

  1. 23 novembre 2020 à 9 h 07 min

    Je suis d’accord avec toi pour le choix narratif qui est décidément clivant. Beaucoup de lectrices trouvent qu’il favorise les longueurs, ce qui n’est pas mon ressenti 😉

    Aimé par 1 personne

    • 23 novembre 2020 à 12 h 41 min

      Tu m’apprends qu’il y a deux teams de lectrice sur ce sujet ! Pour ma part, je n’ai trouvé dans ce tome aucune longueur et justement ce choix de se centrer sur ces jeunes filles au tempérament si différent y est je pense pour beaucoup, l’auteure à chaque fois rebondit juste quand il le faut et pour chacune on se pose beaucoup de questions sur les autres personnages car on devine pas mal de choses etc. J’ai adoré 🤗

      Aimé par 1 personne

      • 24 novembre 2020 à 8 h 40 min

        Je n’aurais pas dit mieux 😉 et pourtant la « team : trop de longueurs » me paraît de plus grande taille que la nôtre ! Comme quoi, tout est vraiment affaire de ressentis… ce qui fait toute la richesse de nos échanges!

        Aimé par 1 personne

  2. 23 novembre 2020 à 9 h 37 min

    J’ai noté le premier, mais ne suis pas encore passée par la case achat ! 😉

    Aimé par 1 personne

    • 23 novembre 2020 à 12 h 31 min

      Tu sais ce qu’il te reste à faire lorsque tu auras envie de te plonger dans une formidable saga familiale sur fond de seconde guerre mondiale 🤗

      Aimé par 1 personne

  3. Christelle
    23 novembre 2020 à 17 h 48 min

    Le premier tome ne m’avait convaincue qu’à moitié (team longueurs ! ). Du coup, j’hésite pour celui-ci … cela m’avait paru tellement lent …

    Aimé par 1 personne

    • 23 novembre 2020 à 18 h 01 min

      Oh vraiment, n’hésite plus ! Même si j’ai énormément aimé Étés anglais, je lui ai également trouvé de nombreuses longueurs… aucune, ici ! A rude épreuve est aussi plus rythmé, car même si le propos reste au plus près des caractères et du détail, parfois la narration fait des bonds de plusieurs mois en avant, et l’intérêt reste constamment en éveil.

      Aimé par 1 personne

      • Christelle
        23 novembre 2020 à 18 h 37 min

        Tu me tentes, tu es le mal ! Je viens d’écrire un billet sur le fait de vider sa pal !

        Aimé par 1 personne

      • 23 novembre 2020 à 19 h 41 min

        Il faut la vider, mais c’est pour mieux la remplir ! Donc tout va bien !
        *mode angelot activé*
        😂
        Ravie de t’avoir tentée en tous cas, ce roman en vaut vraiment la peine ! 🤗

        Aimé par 1 personne

  4. 9 décembre 2020 à 17 h 33 min

    Il faudrait que je tente cette série. J’ai beaucoup vu passer « Eté anglais ». Merci pour ton coup de coeur !

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :