The Ikon Maker, 1976, 2013. Traduit de l’anglais (Irlande) et préfacé par Pierre Demarty. Editions Grasset, avril 2015
Ma chronique :
Le parcours de ce roman est atypique et plutôt étrange. Edité en 1976, tombé dans les limbes, redécouvert et réédité en 2013 puis traduit en français en 2015. L’auteur, Desmond Hogan, est semble-t-il très mystérieux : « On dit qu’il n’a pas d’adresse, pas de téléphone, pas d’ordinateur, on dit qu’il ne communique que par cartes postales. » On sait tout de même qu’il est né en 1950 à Ballinasloe, dans le Comté de Galway (ouest de l’Irlande). Le livre débute par une longue préface très intéressante, qui se lit presque comme une fiction.
L’œuvre de Desmond Hogan compte cinq romans, un récit de voyages, une poignée de nouvelles ; « une œuvre qui sera bientôt publiée en français dans son intégralité. » La bonne nouvelle ! Car qu’on se le dise : je lirai tout ce que je pourrai trouver de cet auteur.
J’ai dévoré Le Garçon aux Icônes. Il se dégage de ce texte quelque chose d’envoûtant, je suis tombée sous le charme en même pas deux pages. Même durant les passages les plus faibles, ce livre se lit à toute allure. Première moitié avalée d’une traite, quasi sans respirer, extraordinaire. Mais deuxième partie plus poussive qui tourne pas mal en rond, comme si l’auteur avait perdu le fil, glissant presque à reculons vers une fable teintée d’onirisme. Honnêtement, dernière page tournée, je ne savais plus trop quoi en penser. Mais j’en voulais encore.
Un style singulier, des descriptions vivantes esquissées en à peine quelques coups de pinceaux légers : « L’autre femme prit la parole en premier. Elle avait le nez pointu comme le bec d’une poule ; rehaussé de lunettes posées de guingois. Sa robe teintée d’une couleur indéterminée, très sombre. ». « Dehors, les réverbères avaient l’air de squelettes. Leurs ampoules, des crânes. »
1972. Susan, couturière, vit dans les souvenirs et l’introspection. Ballottée par sa mémoire, comme si ses attaches à la réalité manquaient de consistance. Une impression d’être en dehors du temps, époques confondues. « Elle attend, avec une ferveur mêlée d’appréhension, le retour de son fils, Diarmaid, un garçon étrange, solitaire et ombrageux, parti à Londres en quête d’aventure. Jusqu’au jour où, poussée par un funeste pressentiment, Susan décide de ne plus attendre et de se lancer à sa recherche. » (extrait du quatrième de couverture)
Cette recherche de Diarmaid, c’est un peu la quête du Graal, ou encore l’Odyssée. « Il est parti hier ». Le destin n’en a jamais fini de causer. D’île en île, Eleanor, Michael, Susan, de cités en forteresses, l’Irlande, Londres, York, de passés en souvenirs, l’amoureux, l’amant, la quête de Susan – un personnage aussi délicat que dense – est autant extérieure qu’intérieure.
Mais le fils prodigue reviendra-t-il ? Au fil des pages, j’ai trouvé que Susan prenait de subtiles allures Mariales, Diarmaid déviant quant à lui vers le refus du sacrifice. « L’Irlande, depuis longtemps déjà, l’avait mutilé, déformé, dégoûté. Et sa propre mère le dégoûtait parce qu’elle l’avait rendu doux et aimant. ». L’Irlande et son carcan religieux et social aurait-elle fait sombrer une âme pure du côté obscur ? L’Irlande et la malédiction du conformisme. Ici, Lazare ne revient pas d’entre les morts ; et Jésus finit par se faire la malle avec Judas.
J’ai donc dévoré Le garçon aux Icônes et son style brillant m’a emportée loin. Mais je n’utiliserais pas les termes « adoré » ni « coup de coeur », car certains passages où on s’enlise un brin gâchent quand même un peu le plaisir. J’ai hâte de pouvoir lire d’autres livres de cet auteur ; vraiment hâte. Globalement une merveilleuse pioche pour moi, mais on peut je pense ne pas accrocher.
Ton avis me rend curieuse ! =)
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Tu m’en vois ravie ! C’est un auteur à découvrir.
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Je l’ai lu dans le cadre de mon cercle littéraire et n’ai pas aimé l’histoire de ce roman. Seule, l’écriture sensible et délicate m’a touchée.
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L’histoire est particulière, je peux tout à fait comprendre que l’on n’accroche pas, même moi, la deuxième moitié m’a quelque peu refroidie. Mais l’écriture, n’est ce pas, c’est quelque chose 🙂
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